❧ KEEP MOVING@Cosmos OakUne tornade de plumes et de paillettes. Cyclone des nuits noires, tempête pour les yeux : Madeline tourne et fait tourner les têtes comme si le vent se levait. Les cheveux aussi soyeux qu'un cumulonimbus, robe aussi légère qu'une brise d'été, liner en forme d'éclair sur le bord des yeux. Les sandales à talons épais ne seraient pas si difficile à méprendre pour du tonnerre si seulement la musique se permettait une petite pause. Mais jamais la musique ne s'arrête, ni ne ralentis : aussi éternelle qu'éphémère, les néons et projecteurs accompagnent ce concerto pour Bass Boosted et éclats de voix. Encore la clope au bec, le nuage rose s'emporte sur le tempo enivrant, dévorant chaque note trop basse, assoiffée de sons qui semblent pouvoir altérer son rythme cardiaque. Elle était, il n'y a pas si longtemps, sur le point de sortir fumer sa cigarette avec l'espoir de trouver quelqu'un pour lui offrir un verre mais le projet ne s'était pas exactement passé comme prévu. La bête assoiffée d’alcool et de soirées endiablées avait repris ses droits en entendant le boom boom de cette chanson. Elle n’avait pas retenu un cri, s’exclamant à qui voulait bien l’entendre :
« hiiii ma chanson ! » Mais toutes les chansons sont siennes, elle marque tous les tempos de ses hanches et ponctue parfois ses gestes en remontant ses lunettes en forme d’ailes de libellules qui ne cesse de descendre sur son nez. D’un rose n’égalant que son manteau, bien entendu. Nous ne sommes pas des amatrices, ici.
C’est d’abord une gravité qui l’attire au centre de la piste de danse, les pas s’y dirigeant presque naturellement afin de profiter de l’engouement général et d’un bon bain de foule pour se revigorer et se nettoyer de la grisaille du monde extérieur. Madeline n’était pas le seul poisson aux couleurs atypiques et au déhanché habile. Une autre personne plus loin s’agite telle une naïade dans cet étang de visages et d’histoires. Iel se déhanche, mais pas seulement : ses tresses accompagnent ses mouvements comme des lianes le feraient sur un arbre balancé par le vent, ses mouvements fluides lui évoquent ces vidéos de roseaux dans la tempête sur les images de motivation d’internet. Ses propres mouvements ralentissent pour essayer de calibrer sur ceux de la sirène à la peau d’écorce. A eux deux, ils sont devenus le club. Tout ce que celui-ci pouvait faire de plus beau.
C’est après quelques instants de poésie de mouvements qu’une voix vient se glisser à son oreille, souffle chaud venant se nicher dans les courbures de son pavillon pour se couler jusqu’au muscle de la compréhension. La musique, et sans doutes d’autres substances, l’empêche de réagir vraiment rapidement.
« J’adore ton style… Moi, c’est Cosmos. Et toi ? » Madeline sourit de toutes ses dents, soleil dans la nuit. Ses dents à peine jaunies, elle relève le menton de fiertés avant de répondre
« Maddie, moins poétique mais quand même enchantée » Les mots lui échappent un peu et s'emmêlent entre eux, l’alcool s’est fait timide mais les cônes un peu moins et s’il est trop tôt pour la catégoriser de défoncée, il est un peu trop tard pour croire qu’elle est encore sobre. Mais ses mots mièvres la font rire elle-même et ses mains naviguent jusqu’aux hanches de saon partenaire de danse avec quelque chose d’interrogatif
« Est-ce que j’peux.. ? J’voudrais pas m’imposer ! » sincère, elle conserve son sourire radieux et énergique. La jeune femme est troublée, pas par l’androgyne mais bien par sa propre approche maladroite. Trouver les mots, c’est difficile.