ici une citation 23 ans Moscou En train d'acquérir la nationalité néo-zélandaise Russe Probablement hétérosexuelle Célibataire Très aisé Sportive retraitée - danseuse - contorsionniste Shooting stars Primevère sauvage Ce qu'il préfère chez lui, physiquement ou non ? Ironiquement, ses longs cheveux bruns, abîmés par tant de coiffures tirées. Ainsi que ses jambes arquées dû à ses longs et intenses entrainements.
Son moment de la journée préféré ? L'aube. Le moment idéal où il n'y a personne.
Est-ce qu'il a une passion dont il ne parle pas ? Un blog personnel, avec très peu de vues. Blog dans lequel elle déverse toutes ses émotions et ses découvertes journalières.
Plutôt du genre à s'endormir directement ou à se faire trois films dans sa tête avant ? Bien trop épuisée pour se faire des films. S'endort dès que son visage touche l'oreiller.
Comment est son écriture ? Droite, nette, pas de fioritures.
Gaucher, droitier, ambidextre ? Droitière
Quelque chose qu'il ne supporte pas ? Les gens qui mangent la bouche ouverte.
Est-ce que sa vie actuelle lui plaît ? Eternelle insatisfaite, mais sa vie pourrait être bien pire.
caractère Solitaire – Compétitrice – Déterminée – Aime plaire – Réservée – Perfectionniste – Superficielle – Introvertie – Curieuse – Sévère – Exigeante – Sèche - Méfiante – Silencieuse – Incapable de faire des choix - N’a pas d’amis et ne sait pas s’en faire – Se livre beaucoup anonymement sur internet – Inexpérimentée pour la plupart des choses – Maladroite Physique : 1m77, longs cheveux bruns, presque noirs, épais, mais terriblement abîmés par ses coiffures de scène. Egalement, une peau blanche, terriblement blanche, d'une personne qui ne sort que la nuit et fuit quotidiennement le soleil. Avec un rapport encore conflictuel avec son corps, Arina est marqué par le sport : elle est très musclée, mais également très fine. Son IMC n'est pas tout à fait idéal. Manquant de formes, elle est le contraire d'une femme plantureuse. De par sa morphologie, on a cette impression que son corps est constitué à 75% de jambes, apparaissant encore plus grande qu'elle ne l'est déjà. Si vous prêtez une attention particulière à ses jambes par ailleurs, vous remarquerez qu'elles sont bien souvent constellées de bleus en tout genre. Des tâches de bleu et de violet au milieu d'un océan de blanc. De grandes prunelles brunes viennent décorer un visage pointu, dont les pommettes ressortent franchement. Des lèvres très fines et pâles viennent compléter le tableau. - Spoiler:
Arina est une russe. Elle déteint un petit peu dans le paysage néo-zélandais. Une stature droite, terriblement blanche, gracieuse avec un port de tête élégant. De par sa grande taille, Arina intimide. 1m77 arborant un visage fermé qui n’invite pas à la conversation. Naturellement antipathique, sans s’en rendre compte, Arina n’est pas vraiment du genre démonstrative. Elle a encore du mal avec le côté très « friendly » des néo-zélandais, et cela l’exaspère beaucoup. Les hugs sont son pire cauchemar.
Arina est sèche. Ne voyez pas là la trace d’une quelconque méchanceté, elle ne s’en rend même pas compte. Les conversations s’en tiendront toujours au strict nécessaire, ni plus ni moins. D’ailleurs les gens trop bavards l’agacent. Un autre défaut qui lui colle à la peau : elle est beaucoup, beaucoup trop honnête. Elle ne parle pas beaucoup, mais quand elle parle, ça peut faire mal. Là encore, ce n’est pas méchant, elle est juste terriblement honnête : elle ne connaît pas les limites et personne n’est venu lui expliquer l’empathie. D’autant plus, elle a toujours vécu dans un environnement où ses professeurs ne faisaient pas dans la dentelle. Elle a été éduquée aux commentaires désagréables.
« Tu ressembles à un rat dégarni. » Dit-elle.
Parfois même, c’est affectueux. Elle apparaît pour la plupart comme une snob ou une personne impolie, et comment leur en vouloir ?
Pourtant, Arina ne souhaite pas faire de mal. Elle n’est pas du genre à aller chercher la querelle. Généralement, elle aime la paix. De nature introvertie, (vous vous en doutiez, avouez) elle préfère rester chez elle plutôt que d'affronter les bruits du monde extérieur. Elle ne parle pas d’elle-même, et les remarques sur ses origines la mettent mal à l’aise. Son seul défouloir : son blog anonyme sur internet, où elle écrit toutes ses émotions et ses petites aventures journalières. Dans cette espèce de grande dame, quelques émotions s’agitent. Mais elles sont rarement explicites. Un index qui tapote trop fort la table, un œil qui tique sont autant d’infimes signes qui pourront vous guider. Mais son expression et sa voix restent terriblement monotone.
De nature très sévère, une erreur de votre part ne passe jamais inaperçu. De son honnêteté caractéristique, elle appuiera régulièrement là où ça fait mal, parce qu’elle est rancunière, la bonne dame. Elle est exigeante, autant pour elle que pour les autres. C’est comme ça qu’elle choisit ses relations (Spoiler : elle n’en a aucune). Un élément qui ne lui convient pas dans votre comportement et vous êtes de la plèbe. Pour elle, elle se doit d’être toujours parfaite : elle est toujours très élégante, apprêtée même pour faire les courses. Elle prend d’ailleurs un malin plaisir à voir qu’elle est la plus élégante, même au supermarché.
Avec tout ça, on peut facilement penser qu’elle est hautaine. Et oui, on dirait bien ; pourtant, Arina n’a pas une si grande estime d'elle-même. Elle n’est pas orgueilleuse, et elle critique tout autant les autres qu’elle-même. Elle peut d’ailleurs passer pour aigrie ; elle l’est, un peu. L’incivilité l’agace au plus haut point, et elle vous le fera remarquer.
Vous vous dites sûrement qu’elle est coincée : peut-être. Elle n’a jamais eu l’occasion de se lâcher complètement. Ayant passé son adolescence et sa vie de jeune adulte avec une pression constante sur le dos, elle n’a pas eu le temps de flirter, découvrir et profiter. Aussi, parfois, elle paraît immature. Elle est gênée de ne pas connaître des choses « d’adultes ». Pour ainsi dire, le sexe est une notion terriblement floue pour elle. Les chanteurs en vogue ? Aucune idée. Elle ne sait pas comment fonctionne une entreprise, et l'administratif fait parti de ses plus grandes angoisses.
Arina n’a pas appris les choses nécessaires à la vie. Ainsi, elle ne sait pas faire à manger, ou prendre un billet de train. Elle ne s’est jamais occupée de telles choses ; on lui a toujours tout fait : on lui demandait simplement de s’entraîner et de performer correctement, c’est tout. De la même manière, elle est incapable de faire des choix, cela relève d’un défi pour elle. Elle est rarement sûre de ce qu’elle souhaite, et peut être amenée à réfléchir pendant 10 bonnes minutes au restaurant avant de choisir un plat.
Arina le sait, elle est un peu en décalé. Elle en a honte, et préfère mentir que d’avouer cela. Uber ? Elle connaît. Jamais utilisé. Puis de toute façon c’est mieux de marcher.
Bercée dans un milieu ultra-compétitif, Arina n’a pas vraiment eu d’amis. Elle ne sait pas profondément ce que ça signifie, ni comment on s’en fait. Elle a toujours été seule ; la plupart de ses relations sont souvent sans profondeur, superficielles. Elle est de ce fait, très indépendante émotionnellement. Méfiante, elle préfère ne compter que sur elle-même, car c’est ce qu’on lui a toujours appris.
Elle aime la compétition et souhaite toujours se mesurer aux autres, même inconsciemment. De même, c’est une personne déterminée : quand elle veut quelque chose, elle l’a pratiquement toujours et elle ne lâche jamais.
Malgré son côté très froid, Arina aime plaire. Elle est très coquette et porte un soin tout particulier à ses vêtements. Elle n’a jamais été particulièrement courtisée, mais elle le sait, elle aime ça. Du fait de son manque d’expérience en relation humaines, elle peut parfois avoir un côté superficiel. Mais tout est question d’apprentissage, bien entendu.
Arina n’est peut-être pas la personne à appeler pour vous réconforter, mais peut-être mieux pour vous botter les fesses.
histoire Cette histoire traite de problématique sur le poids.
- Spoiler:
Arina est née pour la scène. Elle en est convaincue jusqu’au fond de ses entrailles.
Cette conviction, elle la tient de ses parents. Issue d’un homme d’affaire russe et d’une ex-danseuse classique du Bolshoï, elle est de ceux qui n’auront jamais à s’inquiéter de l’état de leur finance. Naturellement, Arina fut élevée dans un cadre rigide, codifié et austère. Une petite tête brune, qui devait exceller en maths, en sport, et en littérature. Une tête bien faite dans un corps bien fait, élevé à son paroxysme.
Son avenir tout tracé, sa mère lui chuchotait qu’elle n’était pas n’importe qui. Elle la cajolait en lui répétant sans cesse qu’elle était sa fille adorée, celle que tout le monde enviait et dont on se souviendrait le nom.
La barre était haute. Déjà haute pour une enfant. A 5 ans, Arina est naturellement repérée pour la danse classique ; quoi de plus naturel pour l’enfant de Katerina Tchernobrovkina, ex-Première danseuse du Bolshoï. Quelle amertume de n’avoir jamais pu toucher le rôle de Danseuse Étoile, à la suite d’une grossesse inattendue. Tous ses espoirs se fondèrent corps et âme sur ce nouveau petit être arrivé un peu trop tôt dans sa vie.
Arina appris les rudiments de la danse classique avec une professeure d’excellence, et on lui prédit un avenir d’excellence. Après une brève vie dans une école primaire classique, elle intègre le conservatoire. Elle vivra dans un internat, ne voyant ses parents que pour les vacances scolaires, le tout, du haut de ses 12 ans. Cours le matin, danse l’après-midi. La voilà comme un espoir. Très tôt, Arina va connaître la pression. Le conservatoire n’a jamais été un endroit sain pour faire grandir et développer un enfant. Les enfants sont comparés entre eux dès leur plus jeune âge, loin de leurs parents et bien souvent sans moyen de les joindre. Ils y vivent une vie militaire dans laquelle l’expression individuelle n’est pas encouragée. Peu d’amusement et de relâchement, constamment surveillés et peu d’amis. Pourquoi faire ? Ils étaient soit des concurrents, soit des personnes qui partiraient dans quelques mois ou années, car ils n’y arriveraient pas. A cela, rajoutons une pression supplémentaire, celle d’être la fille d’une ancienne Première Danseuse notoire.
Étonnamment. Arina s’en sort bien. Les premières années de sa vie sont, pour ainsi dire, brillantes. Des notes excellentes en cours, un talent naturel pour la danse, des parents comblés. Arina appris assez tôt - à tort - que cela était le seul moyen d’obtenir l’affection de ses parents. Une pression supplémentaire dans son cerveau : si elle ne réussissait pas, elle perdait tout.
Elle allait de représentation en représentation, incarnant des petits rôles pour l’heure, inconnue du grand public. Mais le monde du ballet est un petit monde. Les « insiders », eux, savaient qui elle était. Étroitement surveillée par ses pairs, aucun écart n’était toléré. Aussi, l’âge de l’adolescence ne lui permis pas de découvrir et de se découvrir. Alors que d’autres vivaient leur première amourette, fumaient leur première cigarette, ou sirotait leur première goutte d’alcool, elle, elle n’avait qu’une seule rengaine: rendre fier ses parents. Elle resta en solitaire sur le plancher de la salle de danse. L’adolescence fut une autre secousse : malgré qu’elle n’avait pas « d’amis », ce fut le moment crucial pour beaucoup de camarades avec qui elle avait grandi. L’adolescence, c’est le moment des choix : certains changent complètement d’orientation. Et une grande partie du cadre sur lequel elle s’appuyait s’ébranla.
Non pas qu’elle les aimait. Mais ils avaient grandi ensemble, vous voyez ? Elle enviait leur liberté. Mais pour elle, il n’y avait que le ballet. Certains allaient même dans un lycée classique. Qu’est-ce que c’était un lycée classique ? Qu’est-ce qu’il y avait de différent ? Que faisaient les autres ados, pendant qu’elle, elle s’entraînait ?
L’adolescence, c’est aussi le changement de corps. Le corps, en danse classique, c’est quelque chose. Elle a vu des camarades devoir quitter le conservatoire, car ayant pris trop de poids. Elle a vu des filles partir, car trop grandes et des garçons partir, car trop petits. Elle se rappelait encore de Dina, son aînée de 2 ans, partie car la nature lui avait donné une poitrine trop généreuse. Arina n’a jamais eu aussi peur. Pour la première fois de sa vie, il lui arrivait quelque chose qu’elle ne pouvait pas contrôler. Tout pouvait s’écrouler pour quelque chose qu’elle n’avait pas choisi.
Vous comprenez, si elle n’arrivait pas à un mouvement, elle s’entraînait et elle y arrivait. Ici, il n’y a strictement rien qu’elle puisse faire. Rien. Et au fur et à mesure, cela arriva de manière insidieuse, sans même qu’elle pût s’en rendre compte.
« 58 kilos ! Tu es grosse. Tu es sûre de vouloir continuer à danser ? - Je suis désolée. - Ne t’excuse pas à moi, c’est à toi-même que tu dois t’excuser. Si tu veux devenir danseuse, tu dois y mettre des efforts. Là, je ne vois rien. Rien du tout. Tu devrais réfléchir à l’importance que tu accordes au ballet et à ton image. Tu grossis, ça fait des mois qu’on te le dit. ».
Et c’est tout. Le monde s’est arrêté. Elle descendit de la balance, tandis que le monde autour d’elle était à l’arrêt. Elle ne voulait pas pleurer. Sa mère lui disait que cela froissait son beau visage. Mais la réalité était là. Pour la première fois de sa vie, on venait ouvertement de lui dire, devant toute la compagnie, à elle, qu’elle n’était pas assez bien.
Entendons-nous bien, les professeurs n’ont jamais été tendres avec elle, ni avec personne d’autre d’ailleurs. Elle avait déjà reçu des « Vous ressemblez à des crapauds empaillés » ou des « Heureusement que je suis vieille et que je ne peux plus vous frapper », mais là, sa carrière venait d’être remise en question devant tout le monde, le jour de la pesée hebdomadaire. Que diraient ses parents ? Que dirait sa mère ?
Ce fut une humiliation cuisante, une honte. Pour elle, qui était l’espoir sa famille avec un grand E, elle se sentait comme une moins que rien. Tous les sacrifices qu’elle avait accumulés ne valaient plus rien, s’ils étaient remis en question pour du poids. Son talent ne valait rien, si le physique n’allait pas avec. Ce n’était pas la première fois qu’on la traitait de grosse, mais c’était la première fois qu’on la remettait en question, elle, dans son intégralité.
Comme tout ce qu’elle faisait, elle avait un besoin permanent contrôle. Comment ne plus subir une humiliation pareille ? En contrôlant son poids.
…
« 42 kilos. Suivante ! »
Elle expira. Elle venait de passer l’examen, sans encombre. Personne ne la regardait. Et c’était là, la sensation la plus exaltante qu’elle n’ait jamais ressentie. Ça aussi, elle pouvait le contrôler, elle avait réussi ! Pourtant, elle le savait au fond d’elle, elle n’était pas pleinement satisfaite. Quelque chose lui manquait, terriblement.
Elle avait faim.
On la complimentait. Elle n’avait jamais été aussi belle, jamais aussi gracieuse, aussi légère que depuis qu’elle était passée sous la barre des 45 kilos. Elle ne s’était jamais sentie aussi confiante, jalousée et choyée. Pourtant, elle le sentait, elle était moins précise que d’habitude. Ses fouettés étaient moins nets, et son cœur semblait s’affoler au moindre exercice. Elle se sentait désespérément plus faible, et pensait tourner l'œil à la fin de chaque entrainement. Si faible, qu’elle se demandait si elle allait bien. Elle était fatiguée, aménorrhée, et perdait ses cheveux. Cela faisait plusieurs mois maintenant, et elle sentait qu'elle approchait sa limite. Perdre des kilos semblait terriblement long et difficile. La nuit, elle se réveillait de faim.
« Est-ce que c’est ça, la vraie danse classique ? Est-ce que je vais mourir ? »
Au milieu de la nuit, un sursaut. Son petit corps affaibli, qui, dans une pulsion de survie, lui ordonne de se nourrir. Pour la première fois de sa vie, Arina a peur. Vraiment peur. Pas la peur des sélections, non. Elle a peur de mourir. Elle le sent dans sa cage thoracique : si elle ne mange pas cette nuit, elle ne se réveillera pas, jamais.
Alors, elle se lève, au milieu de l’internat. Elle quitte sa chambre, se faufile jusqu’au couloir, où elle trouve un distributeur automatique. Là, elle utilise sa monnaie, achète une bouteille d’eau et un sachet de chocolat. Elle mange. Elle mange et elle sanglote, seule, dans le noir.
« Est-ce que je vais mourir ? » Pensa-t-elle une seconde fois. Elle savait qu’elle n’avait pas le droit de faire ça, mais il ne pouvait en être autrement. Il fallait qu'elle mange. Pour la première fois de sa vie, elle préférait le déshonneur de sa famille au ballet. Pour la première fois de sa vie, elle était acculée entre mourir et mourir. Elle était si faible que son corps pouvait à peine lui donner des larmes. Elle allait devoir prendre une décision seule, pour la première fois de sa vie. Elle acheta un second paquet de bonbons, puis un autre. Plus elle angoissait à l’idée de mourir, plus elle mangeait. Elle finit par tout recracher dans l’heure. Un corps nourri trop généreusement après avoir été privé n’est pas capable de conserver la quantité qu’elle venait d’engloutir. Aussi se retrouva-t-elle aux toilettes, à régurgiter ce qui semblait être son premier vrai repas depuis maintenant des mois. Elle avait des crampes d’estomac qui lui transperçaient le dos, et elle se sentait partir. Cette fois, c’était sûr, elle allait y penser. Ses larmes tombaient au fond de la cuvette des toilettes, mélange de tristesse et de contraction physique. Sa vision, troublée par la douleur, ne lui permettait que de voir ce qu’elle recrachait.
Elle passa la nuit aux toilettes. Bien qu’elle venait de tout rendre, qu’elle se sentait sale, elle était satisfaite :
« Avec ça, je n’ai pas pu prendre de poids. ».
La solution, elle était là. Le lendemain, la femme de ménage la réveilla à l'aube.
Un moment de faiblesse, un besoin d’éponger sa honte et sa misère, une envie de rentrer dans le moule. Ce jour-là, la solitude la frappa en plein visage. Uniquement motivée par la reconnaissance, elle était loin de tout. Elle n’était qu’une ombre, et le ballet ne l’aidait pas à tenir dans ces conditions austères. Non, en réalité, le ballet était son bourreau. La pression, le poids, la solitude, le cerveau embrumé … Elle était dans un endroit bien trop sombre, même pour elle qui contrôlait tout. Elle ne contrôlait plus rien. Pas même elle-même. Dans un univers paradoxalement si strict, les soirées des danseurs avaient des tendances libertines. Mais elle n'en fit rien. Elle ne sortit pas non. Personne ne l'y invita, en même temps. Elle se sentait épuisée. Elle ne réfléchissait plus correctement. Il lui manquait quelque chose, mais elle ne se souvenait plus quoi. Elle arriva dans sa chambre, posa ses affaires, pris son porte-monnaie et sortit en ville.
Elle déambula dans les rues de Moscou comme un zombie. En quête de quelque chose dont elle avait à peine conscience. C'était 19h30, et elle s'assit.
Un tressaillement. Elle venait de manger. Non pire, elle venait de se goinfrer. Elle n'était plus elle-même, elle avait oublié ce qu'elle faisait. Elle ne se souvenait même plus de ce qu'elle avait mangé, ni même en quelle quantité. Comme si on venait de la sortir d'une étrange torpeur.
Ce fut un échec de plus. Elle venait de faire quelque chose de terrible, de terrifiant. Que diraient les autres ? Son nom allait courir sur toutes les lèvres de la compagnie. Et comment elle allait faire ? S'ils voyaient qu'elle avait pris du poids, si son instructeur lui faisait des remarques et s'ils la renvoyaient que diraient ses parents quand elle sera virée qu'est-cequ'ilsdirontquandilslaverrontaussigrossequ'est-cequelleferadesaviesiellen'estpasauBolshoï?
Et elle vomit.
Arina ne put pardonner cet écart. Un poids de plus à porter dans son sac de culpabilité, qui brisait son échine. Pour la première fois de sa vie, elle le sentait, Arina allait devoir prendre une décision. Pour elle, c’était le ballet ou la mort. Mais aujourd’hui, même le ballet semblait signifier la fin. Si elle restait, si elle continuait, elle allait mourir.
Jamais de sa vie elle n’aurait pensé faire cela. Elle avait regardé les autres faire avec du dédain, et aujourd’hui, c'était à son tour. Elle rangeait ses affaires à l’internat.
La chute fut terrible. Pour elle, et pour sa famille. Il y eut comme un mouvement de paupière. Une traînée de poudre, mais tout le monde au Bolshoï le savait : la fille de Katerina venait de quitter le conservatoire. C’était comme un murmure qui rebondissait sur les murs : personne ne disait rien, mais tout le monde le savait. Peu ont essayé de la retenir. Voir une personne tomber de si haut a un je-ne-sais-quoi de terriblement satisfaisant dans un univers si compétitif.
A 14 ans, retourner dans un collège classique était une honte, autant pour la mère que pour la fille. Bien qu’elle n’en voulait pas personnellement à son enfant, Katerina ne pouvait se résoudre à faire de son enfant quelqu’un de lambda. Le père d’Arina, pour la première fois, contredit sa femme. Il voulait préserver son seul enfant, qui avait sûrement déjà assez souffert ainsi. Arina, elle, n’était qu’une coquille vide. La seule décision qu’elle n'eut jamais prise fut pour le moins destructrice. Elle se sentait vidée, désespérée, et pour l’heure, elle ne désirait qu’une seule chose : dormir.
« Rien qu’une fois, laissons-la être une enfant normale. »
C’était les paroles de son père, qui émanaient du salon. Arina était là, mais sans l’être. Son cerveau était embrumé. Ses parents ne se disputaient pas. Enfin si, mais ils ne criaient jamais. Son père venait de déclarer cette phrase sur un ton ferme, autoritaire. Il n’y aurait aucune négociation. Et sa mère avait une mine atroce, comme si on venait de l’insulter sur plusieurs générations.
Arina était une carcasse. Elle n’était plus personne. Son nom n’évoquait plus rien, elle n’était plus particulière. Une transparence opaque envahissait tout son être et embrumait son cerveau. Sa quête de perfection l’anima néanmoins à récupérer des bonnes notes, sans pour autant être la numéro 1. Elle était dans les meilleurs, et puis c’est tout. Un an, à n’être rien. Du vide, du brouillard.
Elle était née pour la scène, elle le savait.
Si ce n’était pas la scène du Bolshoï, ça en serait une autre. En gymnastique rythmique, les exercices effectués en préparation physique sont pratiquement identiques à ce qui se fait en classique. La souplesse, les muscles, elles les avaient déjà. Il lui manquait simplement la technique.
Elle savait que la route allait sûrement être plus compliquée, mais elle était convaincue qu’elle y arriverait. Aussi, se jeta-t-elle corps et âme dans cette nouvelle discipline. On la complimentait déjà sur la facilité qu’elle avait à effectuer certains exercices. Elle le savait, elle bénéficiait d’un biais : celui de la nouveauté. Au fond, elle n’avait rien d’exceptionnel pour l’heure : elle était simplement plus avancée que n’importe quel débutant. Elle avait encore beaucoup de choses à intégrer. Même si les univers étaient similaires, elle trouvait que la gymnastique rythmique était moins compétitive (peut-être parce que c’était la première fois qu’elle travaillait véritablement en équipe? Ou bien parce qu’elle avait déjà passé l’étape des sélections?). En l’espace de deux ans, elle rattrapa le retard accumulé. Elle fut sélectionnée dans un module pour jeunes espoirs (quoiqu'elle était relativement âgée), et la fédération russe garda un œil attentif à ses progrès.
Elle était bonne. Elle n'allait pas révolutionner la discipline, mais elle était un excellent élément. Ce n’était pas le même espoir qu’on lui mettait sur les épaules. Celui-ci était plus libre, plus palpitant. Elle n’avait jamais autant apprécié le ballet.
Certes le poids était toujours là. La pesée était nécessaire. Un mal nécessaire selon elle. Mais elle trouvait cette pesée moins intimidante, moins traumatisante. Bien sûr, elle assistait aux filles qui se vomissaient, celles qui refusaient de s’alimenter, celles qui buvaient. Elle se reconnaissait en elles, et pouvait vomir de temps à autre. Elle n'était qu'un élément, un pantin, plongé dans une industrie profondément malade et détraquée. Sans le savoir, inconsciemment, elles formaient toutes une sororité de filles brisées et douées. Comme des filles choisies pour leur talent, mais maudites à la fois. Elles le savaient toutes : le monde de la gymnastique rythmique est ingrat. Vous donnez votre vie, votre sang et votre sueur pour une reconnaissance éphémère, un salaire à peine décent et un corps brisé à 30 ans. Les affaires glauques de détournement sexuel, Arina les avait aussi vu de ses propres yeux. Pourtant, elle n'en parlera jamais. Elle n'était qu'une athlète parmi tant d'autres, en quête de gloire, et le monde n'est pas fait de héros. Arina n'a pas le courage pour ça. Certaines filles n'ont que la gymnastique rythmique pour sortir de la pauvreté. Arina, elle, a tout. Il ne lui manque que la gloire, la sensation d'être reconnue pour elle.
Ici, elle n’était le nom de personne. On ne la connaissait pas. Elle sortait de nulle part, une fille douée parmi tant d'autres. Même si elle n’avait pas d’amies, elle n'était pas aussi carnassière. Elle s’était relâchée : elle ne cherchait plus à être la meilleure, seulement l’une des meilleures. Simplement car il ne s'agissait pas réellement de sa discipline. Ce n'était pas celle qu'on lui avait donné, celle qu'on lui avait attribué à la naissance. Les compétitions ne l’intimidaient pas, elles lui donnaient seulement sa dose d’adrénaline journalière. C’est fou que, quand on a déjà échoué une fois, tout semble plus ... dérisoire.
Bien sûr, la discipline était toujours aussi rude que le ballet. Pas de sorties nocturnes, pas d'alcool (quelle hypocrisie), pas de contact avec l'extérieur. Là-bas, elle n'était que gymnastique, et elle ne devait penser qu'à ça. Elle représentait sa nation, c'était un véritable honneur, et il faut se montrer à la hauteur. On le lui répétait tous les jours : "Vous n'êtes pas à la hauteur.", "Tu perds ton putain de rythme Arina, concentre-toi.", "Vieille vache, rentre aux vestiaires, je veux plus te voir.". Elle n'était pas à la hauteur, mais ce n'était pas grave. Ce n'était pas sa discipline. Elle y arriverait, elle en était sûre. Elle savait que c'était possible. Une sorte de paix de l'esprit s'était installée, et malgré la rigueur des coachs, elle arrivait à maintenir sa tête hors de l'eau. Bien sûr, il y avait toujours des périodes avec et des périodes sans.
Mais Arina aimait sa nouvelle carrière de gymnaste. C’était différent mais coutumier. Il y avait une force inconnue en elle, qui refusait de lâcher. Peut-être la force de la dernière chance. Elle avait ses quelques sponsors, ses résultats et c’était tout ce qui l’importait. La vie à laquelle elle avait toujours aspiré, sans même y penser. Une période paisible, qui toucha à sa fin. A l’âge (canonique!) de 20 ans, la gymnastique rythmique l’aura faite pleurer et rire, autant en équipe qu’en solo.
Son corps fatigué, légèrement blessé, Arina se sentait accomplie. Elle avait l’impression que sa vie pouvait se finir maintenant. Mais, elle n’était pas du genre à ne rien faire : elle ne connaissait pas l'oisiveté. Aussi se reconvertit-elle en danseuse acrobatique. Beaucoup de gymnastes ont déjà fait ce genre de reconversion, certaines allant jusqu’au Cirque du Soleil. Mais Arina ne passa pas les sélections. En revanche, elle signa dans une agence de talent à Auckland, en tant que danseuse et contorsionniste. Elle enchaîne événements privés, casinos, spectacles de magie. En parallèle, elle affirme sa présence sur les réseaux sociaux. En tant qu'ancienne championne, elle fait de temps à autre des interviews, des couvertures de magazines sportifs, et des placements de produits. Arina est une jeune femme occupée, dont la situation financière est plus qu'avantageuse. Oui, elle s'en sort bien.
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» <b>Rei Hino</b> + Sailor Moon ✿ <a href="https://bloomintome.forumactif.com/u120">Arina Kadirova</a> Merci de remplir ce champ uniquement si vous avez envie d'être mis dans la liste des coeurs pour être contacté pendant les intrigues, les lancers de dés ou par les autres membres pour des futurs liens, tout en gardant à l'esprit que votre coeur, donc, peut changer à tout instant grâce à la science : - Code:
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» <b>coeur à prendre </b> ✿ <a href="https://bloomintome.forumactif.com/u120">Arina Kadirova</a> derrière l'écran Je reprends le rp après des annnnnééééeees de vide | Invité Invité | |