(terminé) aspen » thigh high, knee deep

un peu égoïste, comme toujours, à ne penser qu'à toi, à ne pas penser du tout. parce que tu n'as pas vraiment réfléchis, aujourd'hui, quand dans ton sms tu as demandé à aspen de te rejoindre. à vrai dire, ce n'est pas vraiment que tu lui as demandé de te rejoindre, ton message ressemblait plus à un appel à l'aide, qu'elle vient te rejoindre pour te sortir de l'ennui, qu'elle fasse quelque chose pour toi, oui. parce qu'il faut toujours faire quelque chose pour toi.

elle aurait pu ne jamais venir, t'ignorer. après tout, tu le méritais, tu ne sais plus vraiment ce que tes oncles manucurés ont tapé sur le petit écran de ton cellulaire mal éclairé, résultat de soirées trop arrosées et de tes frasques d'enfant. dans le froid de l'hiver, à peine vêtue, tu resserres le gilet contre ta peau, cancéreuse entre les doigts, comme si ça allait te réchauffer. le monde tourne un peu autour de toi, un peu heureuse, tu rigoles de tes propres âneries. peut-être que tu devrais arrêter de faire ça seule. accroupie sur le trottoir, la cendre qui s'écrase sur l'asphalte, tu attends. le nez rougit par le froid, tu te demandes si elle viendra vraiment. peut-être que tu ne devrais pas attendre.

la cigarette s'écrase contre le sol et quand tu redresses la tête, aspen est là, un peu ébouriffée, un peu pressée peut-être, simplement curieuse probablement, à se demander ce que tu fais là. peut-être qu'elle n'a pas lu ton message, peut-être qu'elle est passée par hasard, peut-être que c'est le destin. tu as envie de croire que c'est ça, le destin. le sourire qui fend ton visage rendrait la lune jalouse, tu tends le bras, la salut d'un signe de la main et là, tu lui dis, comme si tu avais oublié, « regarde ce que j'ai appris !! » et de quelques gestes des doigts, tu la salues, lui dis que tu t'appelles leina, avec une faute à ton prénom, et termine par lui demander comment elle va. ça te fait rire, encore, sourire, « je suis forte, hein ? » mais que tu devrais juste te taire.

tu te redresses, tu tangues, tu ris, perchée sur tes talons trop haut, et tu sors ton pauvre téléphone pour y inscrire dessus « dis aspen, t'as déjà entendu de la musique ? » et si elle ne savait pas ce qui l'attendait, toi, tu n'avais pas fini de faire la fête ce soir.

elle est comme un nuage qui cache la lune, comme un astre qui se dessine entre les étoiles. elle apparaît, sauveur, chevalier. elle est jolie, aspen, quand tu la regardes, quand tu louches sur son visage quand tu observes ses doigts sans les comprendre parce que tu ne comprends jamais grand chose. le sourire bête aux lèvres,  niaise sûrement aux yeux des autres, c'est plus facile comme ça.

les mains qui tremblent de froid. regard fauve sur les doigts qui tapent une réponse, elle est gracieuse aspen quand elle joue de ses doigts dans les airs, quand elle essaye de te faire comprendre quelque chose que tu ne peux même pas imaginer.
la musique c'est beaucoup de chose toi, tu ne l'entends plus. elle n'est qu'une distraction pour amuser ton ennui, elle n'est qu'un bruit de fond pour ta folie.

main dans la main comme des enfants faisant la ronde,
deux par deux pour ne pas se perdre,
tirée, guidée. c'est ce dont tu avais besoin, probablement, que l'on te mène par le bout du nez, que mon te tienne en laisse, que l'on te dise quoi faire.

virevoltante, le rire aux lèvres, les doigts qui glissent sur l'alcool renversé, les doigts qui collent, ceux que tu portes à tes lèvres pour les essuyer du bout de ta langue.
la musique qui résonne,
les stroboscopes qui aveuglent.

le goût amer et sucré de la sérotonine, le corps qui suit la vibration des boom boom incessants.
aspen dans la folie soudaine, « t'es pressée ou quoi ? » que tu voudrais qu'elle lise sur tes lèvres, que tu mimes sans vraiment savoir quoi faire, que tu fais courir tes ongles le long de son bras comme un marathonien proche de la ligne d'arrivée, que tu veux savoir ce qui la presse ce soir, que tu te demandes si le ciel allait vous tomber sur la tête. « tu t'ennuyais, toi aussi ? » comme si tu avais besoin d'elle pour t'amuser, comme si les désirs de la princesse avaient été écoutés. « j'ai pensé à toi toute la soirée...» dans la nuit, tout te rappelle la dentelle de ses jupes, le fard sur ses yeux.

leina qui ne se tait jamais, leina trop curieuse sûrement.
leina qui pose ses doigts sur le haut du crâne, pour savoir, pour sentir, pour demander, « ça vibre, là ? » leina comme une enfant qui semble découvrir la vie.

elle est fascinante, aspen, quand elle danse. elle est fascinante, aspen, quand elle se déhanche au rythme de la musique, étrange sensation, celle de ses doigts contre toi qui bat un rythme que tu ne reconnais pas. elle est fascinante aspen, quand elle reste mystérieuse, qu'elle se tait par fierté.
elle te fait rire aspen à renverser les verres alcoolisés sur vos pieds, elle te fait rire aspen, comme le reste du monde.

leina qui s'oublie au milieu des autres, qui préfère ne pas penser. parce que la vie devient trop compliquée, parce que les émotions la fatigue. leina épuisée, effondrée.

la cigarette au coin des lèvres, celle d'aspen entre les doigts qui sert de briquet et tu la remercie d'un geste vague. « maman disait souvent. tu sais, que les jolies filles ça ne devrait pas fumer...» ronds de fumée, tu ne sais pas pourquoi tu penses à cela, « mais elle ne m'a jamais rien dit. je suppose qu'elle ne devait pas me trouver jolie. » tu lisses les plies de ta jupe, regarde les volants se soulever avec le Vent, « toi t'es jolie, Aspen...»tu ne devrais pas fumer, mais tu n'es pas sa mère, les mots sortent plus vite que tes pensées. la cendre pour neige, tu as toujours trouvé cela bizarre, l'hiver en été.

c'est pas grave parce que rien n'est grave, tu le sais, tu le répètes assez. ce n'est pas grave si jupiter ne peut plus aimer, ce n'est pas grave si tu as les mains sales, ce n'est pas grave si tu t'es tâchée, ce n'est pas grave si le monde s'arrêter de tourner. que pouvez-vous y faire de toute manière ? rien n'est grave, mais peut-être qu'un jour tu aurais aimé entendre que maman ne te détestait pas, qu'elle te trouvait jolie, que peut-être, rien qu'un peu, elle avait de l'espoir pour toi.

mais ce n'est pas grave,
parce que rien n'est grave.

le courant te porte, un peu trop peut-être, aspen devrait le savoir pourtant, elle devrait être au courant. et peut-être que tu ne pourras plus vivre ainsi longtemps, peut-être que le courant cessera de te porter un jour, peut-être que tu devrais faire plus attention, peut-être que tu devrais réfléchir un peu plus, te comportement adulte.
les doigts contre tes lèvres entrouvertes, le froid qui te frissonner, le contact qui te réchauffe, et te voilà esquisser un sourire, à chausser doucement sa main, à rire, « tu me trouves jolie, toi ? » mais tu préfères qu'elle n'entende pas, qu'elle ne réponde pas.,

main dans la sienne pour courir sur la piste, la lumière qui n'a de cesse de vous éblouir, les couleurs qui se mélangent, tu signes maladroitement que c'est ta chanson, ta musique, tu te souviens vaguement de ce qu'elle t'avait montré, pointe ton torse pour dire que c'est toi, pas quelqu'un d'autre. et te voilà partie dans la folie, et tu n'as pas lâché aspen, que tu tires avec toi, que tu aimerais contaminée de ta bonne humeur soudaine, que tu voudrais qu'elle entende ça, qu'elle comprenne, qu'elle hurle les paroles avec toi de ce son vaguement générique, un peu trop connu, sur le bout des lèvres du monde entier.

folie passée, rire qui n'en finit jamais, et tu tires encore une fois sur les doigts d'aspen, pour ne pas la perdre, pour qu'elle te suive. une banquette un peu poisseuse qui vous accueille, loin du bruit trop fort ((pour toi)), loin des autres et des corps, ton téléphone que tu sors, frénésie, sourire, « merci d'être venue ce soir !!!! (♡-_-♡) » que tu lui montres, que tu souris, « ça aurait été trop ennuyant sans toi, puis, tu m'avais manqué !!! ( ˘⌣˘)♡(˘⌣˘ ) » comme si tu n'avais pas l'impression de la voir tous les jours, « tu n'es pas fatiguée ? moi, un peu, je crois.. j'ai mal aux pieds » pas vraiment étonnant, « dis, tu veux qu'on s'échappe voir le lever de soleil ensemble, à la plage ? » que tu proposes, soudainement, « on peut piquer des vélos, pour y aller... » avoir froid, rien qu'un peu, les pieds dans le sable, voir le monde se réveiller, « on les ramènera ici plus tard au pire ! (/^-^(^ ^*)/ ♡ » et tu souris, par ce que oui, tu es plus jolie quand tu souris.