Insouciance ~ Pv Loretta

Ça vous dit d'aller en boîte de nuit ce soir . Pour changer des bars ? Oui enthousiaste général, alors que tu es perdue dans la contemplation du paysage, faisant comme si tu n'avais pas entendu la question. C'est vendredi, et comme toutes les dernières heures de cours de la semaine, vous prévoyez avec tes amis le week-end. Sauf que ce plan, en l'occurrence, il ne te tente pas du tout,  tu n'as pas envie de te retrouver dans la foule avec de la musique qui te crie dans les oreilles. Mais tu n'a aucune excuse pour refuser, rien qui t'attend chez toi hormis ton ordinateur et ton dessin. Et Eeva, même si l'idée qu'elle t'attende n'est qu'un fantasme de ta part. Alors tu fais comme si la question ne te concernait pas, espérant que tes proches t'oublient. C'était sans compter sans Anae qui remarque ton silence, te pose amicalement une main sur ton épaule avec un sourire sincère :

- Et toi Nanihi, tu viens ?

De toute, c'est surement avec Anae que tu t'entends le mieux, elle a cette faculté à créer l'harmonie partout autour d'elle qui te plaît beaucoup, te ressemble sans que tu en aies conscience. Sans comprendre pourquoi, tu t'es souvent confié à elle très naturellement. Alors tu n'as pas le cœur de lui refuser l'invitation, encore plus en constatant les regards de toute ta bande sur toi. Tu hoches la tête positivement.

- Bien sûr !

Comme si c'était évident que tu viendrais. Mais tu ne peux plus faire machine arrière maintenant, une parole est une parole, et tu ne veux pas les décevoir. Alors tu joues le jeu, te prépare pour la soirée une fois rentrer chez toi pour mettre ta plus belle robe. Celle en velours bleu foncé découvrant la majorité de ton dos et s'arrêtant au-dessus des genoux.
Et s'est maquillé sans en faire trop que tu retrouves tes amis devant la boîte de nuit, le cœur battant la chamade. T'appréhende évidemment, fais bonne figure devant les autres pour ne rien laisser paraître. Ça leur paraît tellement normal ce genre de chose, tu n'as pas envie de gâcher leurs bonnes humeurs.
Puis finalement, ça peut être une bonne expérience. Tu te convaincs comme tu peux.

Sauf qu'une fois à l'intérieur, tout se déroule comme tu le craignais. Le bruit, la foule, les gens déjà à moitié ivres qui parle fort, vous qui essayez de trouver une table, puis de vous approcher du bar pour vous retrouver avec de l'alcool hors de prix. Tu décides de te limiter à l'eau pour l'instant, ne souhaitant pas voir ton budget serré disparaître d'un seul coup.
Et tu suis tes amis dans la foule, dansant avec eux, mal à l'aise au départ. Puis tu te concentres sur eux, oublies le reste du monde, décide d'être dans leurs délires quittes à oublier que la musique qui passe est nulle. T'y parviens un long moment, puis tu décides de t'extirper sans qu'ils te remarquent, essaye de trouver un endroit au bar un peu plus isolé et calme, bien grands mots pour l'endroit, juste pour ressourcer un coup tes batteries.

Tu en profites pour boire tranquillement une bière, jetant un coup d’œil de temps à autre à tes amis qui commence à s'éparpiller pour rejoindre hommes et femmes inconnus. La soirée va être longue, tu le sens.

Les pulsations de la musiques, comme un cœur battant. Elle les sent dans sa gorge, dans son torse, dans ses mains, dans ses cuisses. Des pulsations qui font vivre ses membres. Elle turbine, la jeune femme, les cheveux noués dans une natte rougeoyante qui s’envole autour d’elle avec ses mouvements propres, presque guerriers. Elle a les yeux fermés, la belle plante aux dents pointues, jouant les innocentes sur la piste de danse et cherchant de temps à autres une victime contre qui frotter ses épines. Sa peau à la douceur de pétale absorbe les lumières des néons autour d’elle et les projecteurs balayant la foule ne cessent de passer non loin d’elle comme pour la mettre en valeur (c’est du moins ce qu’elle pense).

C’est d’une main adroite qu’elle vient tirer sur son chemisier pour défaire un bouton de plus, révélant un collier en argent sur sa peau laiteuse. Le pendentif suivant les rebondissements de son torse sur la musique assourdissante et son sourire se faisant plus intense encore. Il n’est plus rien que la musique, la musique et la peau. La peau des autres et la sienne. Elle se heurte à d’autres, danse avec certaines, son souffle chaud contre celui d’une blonde puis d’une brune. Les sourires sont de sortie, les mains dans le dos également. La danse est bestiale, langoureuse, lui tirant quelques gouttes de sueurs fuyant sa frange. La musique n'a pas besoin d'être bonne du moment qu'on la regarde.

C’est la soif qui a raison d’elle bien avant les brulures de ses cuisses et les crampes de ses abdominaux. La danse, aussi décomplexée soit-elle, mérite d’être arrosée. C’est donc vers le bar qu’elle se dirige avec un sourire de tentatrice, se voyant déjà remplacée sur la piste par une autre femme et un homme aux cheveux quasiment rasés, aux oreilles bardées de boucles et de bijoux. Ses mains passent sur l’épais comptoir, s’installant sur un tabouret en levant un index pour attirer l’attention d’un des barmans avec un clin d’œil de rigueur.

- Une planche de B52, beau gosse.
- Tout de suite !

L’heure était à la célébration, après une nouvelle victoire judiciaire de la jeune femme. Elle s’était tiré d’un sacré faux pas après qu’une jeune actrice ai porté plainte pour maltraitance et manipulation. Heureusement, rien de tel n’avait pu être prouvé et Loretta en était ressortie blanchie (enfin d’une certaine manière). Le barman, un homme dans la fin de sa vingtaine aux cheveux ramenés en arrière, déposa une planche dans laquelle se trouvaient une série de cinq petits verres au contenu séparés en trois. Elle paya sans tarder, attrapant le premier shot dans le même temps sans le moindre complexe pour le terminer d’une traite avec un sourire de celle qui revit, tapant le cul du verre sur le comptoir.

-Ah, ça c’est la vie !

Mais alors que le rire du barman la force à se désintéresser, la voilà qui accroche du regard une jeune femme du coin de l’œil. Elle a l’air perdue, elle a l’air de ne pas vouloir être là, elle a l’air innocente : elle a l’air parfaite.

D’une main, elle attrape la planche de shots après un clin d’œil au barman qui essaye de l’en empêcher de peur qu’elle ne fasse tout tomber. Elle passe avec adresse entre les gens, les faisant s’écarter de son chemin avant de venir s’installer sur le siège à côté du sien avec un soupir de soulagement.

- Salut !

Son regard suit le sien un instant, dans la foule, sans y voir la même chose qu’elle. Elle se contente de hausser les épaules et de déposer délicatement la planche sur le comptoir, presque devant la jeune femme. Le chemisier révélateur en partie rendu transparent à cause de la transpiration (et surtout de l’eau qu’elle s’était aspergée pour tenir) et l’odeur d’orange irradie de ses cheveux à cause du parfum et de l’après-shampoing.  Son pantalon de cuir moulant ses jambes suffisamment bien pour réfléchir légèrement les lumières de la boite de nuit et offrir un spectacle ravissant à qui la regarde. Tout était calculé pour qu’elle soit le centre de l’attention.

- Tes amies t’ont laissées là, c’est pas très cool ? J’suis sûre que c’était pas ton idée de venir… Tu veux partager mes shots ?

Son index traine sur les quatre verres restant alors qu’elle offre un sourire solaire à sa nouvelle proie. Ses dents parfaites ressortant dans la lumière éblouissante d’un projecteur balancé par ici soudainement.

Tu lâches un léger soupir en regardant le cirque de la piste de danse. Tu ne comprends pas ce phénomène impudique, les gens qui se collent l'un contre l'autre autour d'une multitude de personnes. Mais tu es envieuse, d'une certaine façon, de cette capacité à se lâcher autant, à oublier le monde entier pour te concentrer sur l'instant présent. Toi, même dans un lieu tel quel, tu ne peux t'empêcher de penser à ton avenir. Ce futur probablement sombre et abrégé si la maladie continue à te consommer ainsi.
Tu sens l'anxiété t'envahir soudainement.

Ce n'est vraiment pas le moment de penser à ce genre de chose. Ta méditation pessimiste s'interrompt alors que tu sens une présence à proximité, accompagnée d'un parfum aurantiacé agréable. Tu n'oses d'abord pas regarder la personne à tes côtés, malgré sa salutation, intimidé. Mais tu ne veux pas paraître impolie, fini par tourner son regard vers l'inconnue. Pour faire face à une dame à l'apparence aguicheuse dont chaque détail semble la met en valeur. Tu ne peux t'empêcher de rougir, te demande bien pourquoi une telle femme t'adresse la parole. Tu as l'air autant déprimée d'être ici que ça ? Mais tu réfléchis surement trop, comme à ton habitude.

- Bon...soir.


Tu jettes un œil vers la foule, ses amis qu'elle désigne. Tu remarques Anae se déhancher au rythme du dancefloor, dans son monde. Un léger sourire s'affiche sur tes lèvres avant de te retourner vers l'inconnue.


- Non euh, c'est moi qui me suis éloignée d'eux, je ne me sentais pas très à l'aise au milieu de la foule... et même maintenant, ce n'était effectivement pas mon idée de venir ici.... mais ça me fait plaisir de les accompagner.

C'est plus ou moins la vérité, tu es contente de voir leurs univers, si différent du tien. Et les voir s'amuser autant te ravis, malgré ton incompréhension. Peut-être que tu devrais juste essayer et lâcher prise, même si tu as peur de ce qui peut arriver, des conséquences. En commençant doucement, en acceptant la proposition de l'inconnue. Tu hésites, ce n'est pas évident. Et tu te surprends en entendant ta voix

- Je suis partante, pour partager les shooter.

Tu souris pour appuyer tes propos, te saisis de celui qu'elle te tend.

- Vous êtes une habituée du lieu ? Vous semblez plus à l'aise que moi.

Tu essayes de ne pas paraître trop intimidée par le sourire éclatant de la dame.

Elle la croquerait bien, l’ingénue. Avec ses airs d’incompréhension. Elle lui fait penser à ces petits animaux dans les documentaires sur les prédateurs qui ne sont pas sûrs qu’il y ai de quoi s’inquiéter ou pas. Juste cinq minutes, seule à seule avec des shooters. Peut-être que ça suffirait à la dégriser et la rendre plus à l’aise avec son prochain. Ce genre de pensées malsaines passent dans la jolie caboche de la rousse alors qu’elle vient se frotter l’arête du nez du plat de l’index, plissant celui-ci dans le même temps.

-  Non euh, c'est moi qui me suis éloignée d'eux, je ne me sentais pas très à l'aise au milieu de la foule... et même maintenant, ce n'était effectivement pas mon idée de venir ici.... mais ça me fait plaisir de les accompagner.
- Mh… L'onomatopée lui sort presque des lèvres malgré elle, presque inaudible dans la musique assourdissante.

La réflexion l’a un peu sortit de son idée bête et méchante de drague mécanique. C’était plus ou moins toujours son but, bien entendu, mais la remarque lui sembla si saugrenue qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de demander avant que l’instant ne se perde.  

- Je suis partante, pour partager les shooter.

D’un geste adroit, elle attrape l’un de petit verre pour le lui tendre. L’odeur de liqueur de café dans le mélange lui donne une allure de shot de bonbon alcoolisé et sans tarder l’envie d’engloutir son propre shot fait son apparition dans le creux de l’estomac de la directrice de casting.

-  Vous êtes une habituée du lieu ? Vous semblez plus à l'aise que moi.
-  Habituée c’est un grand mot. Je viens de temps en temps, je dirais. Déjà plus habituée que toi, du coup.

Sourire meurtrier vers elle alors qu’elle dresse son verre dans sa direction. Sans tarder le portant à ses lèvres pleines, déversant la boisson sucrée d’une traite pour venir frapper le cul du verre vide sur la petite planche en bois. Elle le replace d’ailleurs sagement à sa place, dans le petit cercle servant à caler le verre.

- A moi, alors. Comme ça, ça te fait plaisir de les accompagner, mais est-ce que ça t’amuse ? Qu’est-ce que ça t’apporte à toi ? La question fuse, rattrapant le moment plus tôt. Sa voix s’élève au-dessus de la musique, pas très loin de crier pour avoir cette conversation.

Tu attrapes le verre proposé par ta partenaire, lui souriant pour la remercier. Tu n’as jamais gouté ce genre de boisson, peu passionnée par l'alcool d'une façon général. Et même si l'odeur du café prononcé mélangé à l'alcool te remplit les narines, cette nouvelle expérience te conviens.

-  Habituée c’est un grand mot. Je viens de temps en temps, je dirais. Déjà plus habituée que toi, du coup.

Léger rire en jetant un coup d’œil vers la femme, ce n'est pas difficile d'être davantage familier à ce genre d'endroit, tu parierais facilement que même les plus jeunes présents le sont.
Tu observes le rituel de dégustation de la rousse, l'enregistrant dans tes données mentales. Est-ce une manière de savourer davantage la liqueur ? Ou une simple mœur sociale que tu ignores, étrangère à cet univers . Tu décides de gouter le shooter du bout des lèvres pour t'habituer au goût avant de l'avaler d'une traite.


Tu sens l'alcool te piquer la langue, puis la gorge, de façon plutôt agréable. Ça te détend, bizarrement, savourant cet instant de fond en comble. Ton expérience sensorielle prend fin quand tu entends la voix de l'inconnue recouvrir la musique.

- À moi, alors. Comme ça, ça te fait plaisir de les accompagner, mais est-ce que ça t’amuse ? Qu’est-ce que ça t’apporte à toi ?


Tu arques un sourcil, la fixant, étonnée. Ce que ça t'apporte . Est-ce obligée de t'apporter quelque chose ? La question résonne malgré toi dans ta tête, ton visage reprenant finalement son expression neutre habituel. Mais tu n'as pas envie de te mentir à toi-même. Et visiblement tu as besoin de te confier, alors que tu fixes dans le vide ton verre que tu t'amuses à tourner du bout des doigts.

- Je supposes... Enfin, si je suis honnête, non ça ne m'amuse pas, j'essaye juste de... comprendre un univers totalement différent du mien, probablement de sortir de ma zone de confort. Et aussi de ne pas paraître un alien en refusant la proposition alors que tous mes amis sont surexcités à l'idée d'aller en boîte.


Et même si tu n'as aucun jugement dans tes propos, tu te sens honteuse de penser ainsi vis-à-vis de tes amis, espère que leur activité ne semble pas superficielle dans tes paroles. Et tu as peur de plomber l'ambiance, alors tu affiches un léger sourire, reposant ton regard sur la rousse.

- Enfin, désolé si je casse l'atmosphère, on peut parler d'autre chose...


Tu lui tends amicalement la main en guise de salutation

- … enfaite, je m'appelle Nanihi.

Ça te paraît plus commode, de te présenter et de connaître le prénom de celle qui t'accompagnera un moment. Tu lui lances un petit regard de défi, même si tu n'es pas certaine dans quoi tu t'engages

- Est-ce que... vous êtes venue m'aborder et m'offrir des verres parce que ça vous apporte quelque chose ?

Tu n'as pas vraiment d'insinuation, innocente que tu es, tu es juste curieuse de savoir pourquoi elle est venue t'approcher.