Chalet n°7

Jeu concours que tu gagnes ; une aubaine.
Un miracle.  
Une chance qui t’arrive un peu trop souvent ; le retour de karma qui ne tardera pas, sûrement.

Mais le karma peut bien aller se faire voir.
Le karma, il double cette chance ; joie absolue ; dormir à la belle étoile, dormir dehors ; rêve qui se réalise.
((même si ce sont avec des inconnus))
Veste en jean fourrée de laine, sourires aux dents et tu te retournes vers les deux autres bien trop excitée ((calme toi que l’on te dira))
« c’est une super opportunité, faut pas dire ça ! on va pouvoir voir le ciel d’hiver dans toute sa splendeur, vous savez ? »
La tête qui se tournent vers eux dans l’attente d’une confirmation ; dans l’attente d’une joie partagée ; d’une excitation semblable.
« on n’aura qu’à se serrer ! on peut partager les lits. On aura tous chaud, comme ça ! »
Pas comme si tu allais dormir ; pas comme si tu allais fermer l’œil, de toute façon.
Trop occupée à observer les étoiles ; chercher une étoile filance ; les constellations qui s’ouvriront à toi.
« j’adore tes cheveux, d’ailleurs ! »
Parce que tu passes du coq à l’âne, parce que tu n’as pas le temps ; parce que tu adores ce rose et qu’elle est belle, la dame ; parce que le monsieur peut se sentir peut-être en infériorité, aussi.

La gueule à peine déconfite, ça rayonne comme les étoiles et les mains dans les poches, Riley pivote sur lui-même pour dépeindre le spectacle des aérolithes juste au dessus du crâne.
Il ne connaît ni l'excité du bocal ni la plus incertaine mais Riley lui, il voit uniquement la chance de pouvoir s'allonger et profiter du silence implacable de la nuit, de l'aurore qui finira par s'éveiller et de ne plus penser aux bronches qui font mal. Nan n'importe quoi, elle a raison la rouquine. C'est super cool. Puis si y a un énorme ours qui veut notre peau, bah on le verra arriver. T'auras le temps de faire quelques photos pour insta' peut-être.

Le rire railleur, une œillade pour la plus rose des deux et Riley se rapproche du chalet qui ressemble au balle transparente des foires sauf que celle-ci, s'imbrique dans le sol, impossible à bousculer, impossible à arracher. La paume glisse doucement sur la matière jusque la porte, cogne contre celle-ci et appuie l'oreille. Toc-toc, y a quelqu'un ? Non y a personne, c'est fou.
Les yeux gros, Riley qui se moque ouvertement du bonbon, du rose à en vomir et il entre, jette le sac à côté du lit et s'y écrase, fait un geste de main aux deux énergumènes à l'extérieur. Il ne fait pas si froid à l'intérieur, peut-être qu'il a l'habitude des températures abominables, il n'en sait rien.

L’homme qui est de ton côté ; que tu crois ; que peut-être il se moque de toi, aussi, de ton optimisme légendaire.
Mais cool.
Il a l’air cool ; malgré sa blague qui te fait sourire ; malgré sa nonchalance et lui qui s’installe dans la bulle – tu le suis.
Sac à dos que tu poses ; tu t’assois en tailleurs sur le sol de cette bulle qui laisse tout voir – la forêt, le noir intense, le ciel qui s’ouvrira.
Tu t’assois sur le sol froid et te retournes vers la jeune femme ((leina, que tu as appris)) et l’homme ((que tu ne connais toujours pas))
« marin ! vous pouvez me retrouver au planétarium de la ville, si jamais vous voulez en savoir plus sur l’espace… » parce que tu fais toujours ta petite pub ; parce que tu ne peux jamais arrêter de parler, pas vraiment, parce que c’est important de communiquer.

Tu hoches la tête aux paroles de Leina ; enfin quelqu’un qui te suit, enfin quelqu’un que tu convaincs ; oui, c’est vraiment cool, tu es ravie de pouvoir observer ça – toi qui n’est pas un as de la photographie tu n’es pas certaine de pouvoir réussir à capter ça avec ton téléphone, mais tu essaieras.
« oui oui, j’ai insta ! je te donnerai mon pseudo demain matin ! » et tu ris à sa remarque, au no offense naturel et tu te tournes vers le mec, tu te tournes pour lui demander son prénom à lui aussi
mais
Leina
te prend par surprise
Leina se lève et dit des mots que tu n’as pas envie de comprendre
des mots que tu préfèrerais ignorer
mais les faits sont là et Leina vous tire pour que vous la protégiez – cœur qui se gonfle, l’impression d’être un prince à protéger une princesse.
Et c’est indéniable : la bulle tombe sur elle-même. Petit trou sifflant suffisant pour que le vent s’enfuit, se libère ; il vous faut quelque chose pour le boucher, n’importe quoi.
« j’ai des sparadraps dans mon sac à dos ? vous pensez ça irait ? » l’habitude des blessures inopinés sur ton temps libre ; heureusement que tu les prends toujours avec toi, heureusement que tu essaies de parer à quelques éventualités.

Riley ne fait pas attention aux deux minettes, il ne prend pas la peine de retenir les prénoms qui s'évadent des oreilles, tend les bras vers le ciel comme pour attraper les étoiles et plissent les yeux. Ah ouai ? Trop cool. Les yeux ronds comme des soucoupes, Riley qui n'en a rien à faire du planétarium dont la rouquine parle, parce que les étoiles si ce n'est pas pour les observer dans la nuitée glacée, il s'en carre complètement. Mais pour le beau jeu, le bien paraître, il garde le sourire et s'intéresse du mieux qu'il peut jusqu'à que l'autre évoque les photos qu'elle veut poster sur instagram, comme s'ils avaient été des amis du lycée, ceux qui se promettent les à tout jamais à l'auriculaire. Riley attrape son téléphone, tourne la tête vers Leina qui est à côté et lui montre son identifiant avant qu'elle n'évoque l'affaissement soudain de la bulle.

Le rire sur les lèvres, Riley ne rigole pas plus longtemps, il se redresse et lorsque Leina suit, elle se cache derrière. Tu sais que ça sert à rien de te mettre derrière nous, si ça veut te gober ça va le faire... Je sais pas comment on va faire mais, je crois que ça vient de là. Marine, c'est ça ? Grimpe sur mes épaules et t'essaies de scotcher ok ? Riley se rapproche de là où siffle le vent, se met dos au transparent et tend les mains, les phalanges imbriquées pour lui permettre de grimper sur les éclanches, de soutenir par la suite les mollets pour qu'elle ne s'écrase pas sur le sol trop dur.