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FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !

l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps.
l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie.
et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement.
vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore.
et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle.
auckland. juillet 2023, hiver.
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21.07.23réouvertue du forum, recensement, et petit évent (www)
04.01.23fermeture temporaire du forum, ceci dit, on revient vite !
10.08.22nous soufflons nos bougies à plein poumons et souhaitons un bon anniversaire à bloom et qui dit anniversaire dit nouveautés (www)
01.08.22tous des stars grâce à insta(r)gram (www)
27.06.22les choses se compliquent et les rumeurs voient le bout de leur nez (www)
13.06.22nouvelle màj dit nouvelles informations à retrouver juste ici
14.02.22on profite de la joie, de l'amour et de la nourriture gratuite pour la saint valentin (www)
26.01.22tom cruise en sueur, le forum réouvre pour sa V3 avec son lot de news à retrouver ici.
27.10.21tou beau tout chaud, prêt à braver la chaleur de l'été, voici les nouvelles juste ici
10.08.21bloom ouvre ses portes ❤
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Ven 12 Aoû - 14:57
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Mes yeux se sont agrippés
Comme s'ils savaient
Un peu avant le jour, les mains au fond du jogging et la capuche d’un sweat-shirt rabattue, Geronimo déplie une démarche nonchalante à la sortie d’un bus où des femmes en bleu de travail craque une première clope, inspire les frimas mordants qui étalent un lavande ecchymose sur les doigts et laisse divaguer les pensées sur l’horizon encombré de constructions.

Les saluts jetés au fond du seau, le Di dessine des arabesques à la raclette sans se tenir, hagard aux premières heures et désireux de s’enfuir du vent qui siffle à ses oreilles. Les mains qui claquent, le chef de chantier en contrebas tonne la redescente, pas pour applaudir, juste pour finir, finir et vite, alors les collègues détachent les casques blancs et planquent les pompes de sécurité dans le sac avant de disparaître en nuée désorganisée.

Gero reste, interpellé par une vitrine avec de la menuiserie musicale installée comme les mannequins des magasins préférés de sa sœur. Un peu grinçant, il défait tranquillement les claques dans le dos, et les gars trop familiers qui veulent qu’on prenne la deux-chevaux toute cabossée de Simon pour rentrer. Non. Lui, il ne veut pas partir. Pas tout de suite.

Il veut voir d’abord, voir si ce n’est pas plus joli une fois qu’on a ôté les coulures grisâtres, le ciel qui s’est un peu essuyé sur ces carreaux.

L’écuelle savonneuse par terre, Geronimo brasse un clapotis, frotte avec l’éponge gonflée, laisse une écume avec l'odeur du propre, nocive et agréable. Il y pense pas, qu’à l’aurore, des gars avec une boutique aussi belle ont la tête ailleurs qu’enfoncée dans la taie de l’oreiller. Il y pense pas, que c’est mal ou que c’est bizarre, il a le temps après tout, le prochain bus c’est dans presque une heure.

Le carillon stoppe son geste et Geronimo reste suspendu, comme s'il y avait des fils au bout de chaque articulation, pantois, la spongille trempée à quelques centimètres de la vitre qui fait des plic-ploc sur les godasses usées, là d’où il vient ça peut servir encore dix ans. Le mec sort et Geronimo se remet à penser, dans le désordre, comme un gamin pris en faute, à ne pas bien savoir quoi dire, à part Désolé…. Le bras retombe gauchement, projette des éclaboussures partout, sur lui, sur le propriétaire de la vitrine, et ça le gêne, franchement, à ressentir le besoin de réparer, en offrant un mouchoir, peut-être, mais c’est dans le seau que le pied se ramasse quand il esquisse un pas. La flotte asperge même le cordon du futal, et Geronimo, mouillé, le calbut et la dignité, laisse tout tomber par terre avant de lever les mains en l’air, pour arrêter le domino du ridicule.

Je crois pas que ça peut pas devenir pire à ce stade….

Abasourdi, comme si c’était impossible, plus assez réel pour être accablant, un sourire fraye dans les joues un peu rouge, qu’il se sent embarrassé Geronimo, et puis, finalement, assez amusé mais c’est sans doute nerveux, cette envie de rire.
C y a l a n a


Geronimo Diavolo
laveur de vitres
Geronimo Diavolo
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Sam 13 Aoû - 1:39


Le jour où mon regard a bousculé le tien

le bruit se fait incessant, celui des oiseaux qui finissent sa course contre le velux pour chanter ) tue-tête que le soleil se lève, celui du réveil que tu as repoussé déjà une deuxième puis une troisième fois. la tête qui se glisse sous l'oreiller pour ne pas entendre, à en espérer que l'oreille qui te fait atrocement souffrir sous le son strident se taise à jamais, que plus jamais tu n'entendes ce son désagréable qui te rappelle à la réalité. la difficulté de se lever quand la tête est devenue percussion, quand c'est dans le coeur la nausée. tu lui dis que oui ça va, que tu vas te lever, que tu vas le faire taire, le doigt qui glisse sur l'écran du smartphone pour qu'il cesse d'hurler. un soupir quand l'heure s'affiche sur l'écran trop éclairé, signe que le soleil ne s'est pas encore levé. tu ne sais pas comment tu es rentré, hier soir, ce matin, as-tu réellement dormi seulement ? tu as oublié comment tu avais fait, à toujours retrouver ton chemin, la tête en vrac, le coeur en miette. tu avais pleuré, hier, les yeux gonflés, tu avais pleuré au creux de la nuque d'inconnus qui voulaient bien te consoler, plus facile d'imaginer que d'affronter la réalité. tu avais pleuré et le regard avait gonflé.

les pas se font difficiles dans l'escalier de la boutique, un jean enfilé à la va-vite, un t-shirt encore taché d'huile, de vernis, des taches qui ne partiront probablement jamais, que tu as essuyé avec ennui parce que tu n'avais pas le choix. le regard un peu trouble encore, les lunettes que tu cherches pendant quelques instants sur le comptoir, celles qui ne sont pas très jolies mais qui ne te gênent pas, qui ne font pas mal au nez, celles que tu peux abîmer. un café aurait été une bonne idée pour commencer la journée, l'atelier était froid, trop froid peut-être, à attendre que le soleil s'y lève mais rapidement, ton regard est attiré par l'étrange pénombre, par les dessins qui soudainement s'effacent, se font.

interrogation sur les sourcils froncés, une main dans tes cheveux trop courts, en bataille, décolorés, délavés, à réfléchir si tu avais demandé quelque chose, sans t'en souvenir. peut-être que c'était le papi qui avait fait sa vie, qui pour une fois était venu par ici. simple question à poser, la porte qui s'ouvre sans prévenir, pour saluer, pour observer, la surprise sur la visage de l'autre qui s'excuse comme si la prison l'attendait. les éclaboussures s'écrasent sur ton haut déjà bien trop sales, tu recules d'un pas, pour observer celui qui n'est plus maître de ses mouvements, comme si son libre arbitre avait disparu, capturé.

l'oeil rieur, tu observes la scène, la tête qui tambourine toujours, le froid qui te prend le nez, les oreilles, qui fait rougir les articulations, qui fait pleurer les yeux fatiguées ((gonflés)). la main qui se lève pour dire que ce n'est pas grave, la phrase qui n'a pas le temps d'être articulé que déjà, la chute se fait voir, les fesses sur le sol, le son fracassant du seau qui fait bourdonner le tympan abîmer, qui fait grimacer légèrement. la main sur les lèvres pour ne pas rire, parce qu'on ne se moque pas, parce qu'il est étrange, cet homme, parce qu'il t'interpelle.

« tout va bien ? » mais rien n'allait vraiment, « je pense que les choses peuvent être bien pire... » un léger rire, comme pour les enfants, pour leur montrer que rien n'est grave, qu'ils n'ont pas mal, qu'ils peuvent rire eux aussi, « tu vas être mouillé, par contre... » la main qui se tend pour l'aider à se redresser, à sortir du seau, la tête de l'eau, la main que tu essuies sur ton pantalon, un peu trempée, l'éponge qui a fini d'être essorée entre les paumes, « tu veux quelque chose pour te changer ? » sans savoir vraiment si ça irait, « il fait froid, tu vas chopper un truc, là, si tu restes comme ça... » et s'il ne veut pas, alors tu ouvres la porte de la boutique, « au moins pour te réchauffer. tu n'as pas le choix que d'accepter un café. c'est pour que je puisse garder le secret. » et un rire ((parce que rien n'est grave)).
C'est moins joli qu'un tout début, qu'un bouquet de roses, qu'un poème lu, c'est moins joli qu'un mot d'amour que l'on donne sans rien attendre en retour


Judicaël Winiger
luthier
Judicaël Winiger
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Sam 13 Aoû - 13:53
Aidez-moi
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Mes yeux se sont agrippés
Comme s'ils savaient
Il est blond comme les blés, les mêmes épis en vrac d’avant la moisson, et sur le nez, des verres, propres, avec des reflets pour se protéger des écrans, où Geronimo peine à lire et finit par s’attarder sur les valises rougies qui débordent, inquiet d’interrompre un moment personnel involontairement. Vautré, malgré lui, le Di grimace un sourire sincère aux éclats de l’autre, moins agressifs que la sonnerie de l’échoppe, qui roulent dans son crâne en laissant une sensation de trouble tiède. Prudemment, il retrouve ses appuis sur le bitume du trottoir et démêle la hanse de la cheville, ce n’est pas grave, c’est vrai, et pourtant, il aurait voulu laisser une première impression moins misérable.

Je me sens un peu con, mais ça m’a jamais empêché d’aller bien.

La poignée de main ferme, Geronimo a un battement de cœur qui saute, rit pour emporter ce qu’il reste de malaise, les joues lui chauffent encore. Quelque part, c’est surprenant que ça ne soit pas arrivé plus tôt, c’est ce qu’Alma dirait, et ça le console autant que ça l’interpelle, la manière dont les mirettes veulent adhérer sur la visage. Mouillé, c’est trop tard, mouillé jusqu’au cou dans cette drôle d’histoire qui commence le cul sur les dalles, un alignement de circonstances en rupture avec l’ordinaire, assez pour que Geronimo, plus tard, y trouve de quoi rêvasser en pastel. Son regard s’attarde sur la vitrine encore partiellement recouverte de mousse, l’hiver finira par geler le relief et les beaux jours la briseront un matin comme celui-ci, et ça l’embête, de juste ignorer, Geronimo, autant que l’absurdité de demander à terminer.

Quitte à passer pour un con… Tu me laisses terminer ? Si ça fige comme ça, tu vas être emmerdé après.

Penaud, les genoux craquent pour rattraper la raclette et redresser le seau, il n’en a pas pour longtemps, ça le rend un peu fier, la spatule qui chevauche adroitement sur la vitre, plie l'affaire en quelques gestes et lui donne le temps de réfléchir. Il n’a plus du tout envie de partir. S’il rate le prochain bus, il y en aura toujours un autre. Il a juste besoin d’être à son poste à la pause déjeuner. Autant saisir le prétexte inventé par, il n’en sait rien d'ailleurs, et maintenant il n’ose plus demander, peut-être, ça reviendra dans la conversation. Un pas en arrière, leur reflet dans la vitre comme une photo qu’il gardera, Geronimo hoche la tête en reniflant le rhume qui lui colle à la peau depuis le début de la saison.

Je ne dis pas non pour le café. T’embêtes pas pour les vêtements, à moins que ça te gêne pour me parler qu’on est l’impression que je me suis pissé dessus.

Plus il regarde, plus il a envie d’en rire, ou bien c’est communicatif, cette manière qu’il a de se moquer sans malice. Le seau vide balance au bout des phalanges quand Gero rentre, inspecte les lieux en baissant poliment la capuche, que sa mère lui a appris à être tête nu le seuil dépassé. Ca sent le parfum du bois travaillé, lui rappelle que le formica ça n’a pas vraiment d’odeur, si ce n’est celle du vingtième siècle. Oui. C’est vraiment différent quand on est à l’intérieur. Bien différent de ce qu'il imaginait en admirant les modèles soigneusement installés sur les présentoirs.

C’est joli. Il se sent bête de le dire à haute voix, bête d’être prostré à deux pas de la porte de peur de ne pas savoir dans quelle direction s’orienter, bête comme à l’école de ne rien trouver d’intelligent à dire devant le blond. L'embarras puéril lui fait racler la gorge. C’est des violons ,c’est ça ? Stupide Geronimo, de redouter de confondre avec des violencelles, des contrebasses, et tout ces instruments qu’il a briévement aperçut dans le téléviseur d’Alma en zappant la chaîne de l’opéra. Les ongles raclent sur la nuque avec un sourire contrit, pour se donner une contenance, ou une excuse, à la fin, son seul souci c’est de ne pas être chassé trop rapidement. Tu dois vraiment me prendre pour un débile… Et il rit de lui en cherchant l'indulgence, dégoulinant sur le paillasson.

C y a l a n a


Geronimo Diavolo
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Geronimo Diavolo
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Dim 14 Aoû - 20:00


Le jour où mon regard a bousculé le tien

le rire léger, à dédramatiser, à dire que ce n'est pas si grave, que passer pour un con ne l'a jamais empêché d'aller bien mais tu n'es pas certain que con soit le mot, que les erreurs ça arrive, que la surprise fait faire des choses auxquelles on ne s'attend pas. tu t'excuserais presque parce que finalement, c'est de ta faute, s'il a fini par terre, s'il s'est débattu avec les airs. un signe de la main pour lui permettre de faire son travail et tu observes derrières les verres de tes lunettes l'artiste se mettre au travail, tracer des formes abstraites de mousse blanche contre la vitre, jouer de la spatule contre le miroir de certains passants, poignet habile et mélodie douce des grincements plastiques. planté là à ne rien faire, à le regarder, observer chacun des geste, détailler la silhouette détrempée, l'air un peu ailleurs celui qui fait des ronds sur la vitre, comme quelqu'un que tu n'avais jamais vu, comme tombée du ciel ((dans le seau)).

il ne refuse pas le café alors tu l'invites à passer la porte, et tu as le rire dans le gorge, la tête qui se secoue à la négative, « c'est plutôt toi que ça doit déranger, tu sais » parce qu'on ne vit pas pour les autres, parce qu'on ne vit pas pour ceux qui nous voient. mais peut-être que tu es le seul à penser cela, peut-être que lui se soucie de ceux que les autres se disent, des murmures des crânes, des soupirs, des paroles.
la boutique qui se ferme, la boutique dans la pénombre que tu n'as pas pris le temps d'allumer, et tu t'actives rapidement, derrière le comptoir, la machine à café que tu allumes, le bruit de l'eau qui chauffe, l'interrupteur que tu loupes une, deus, trois fois avant d'arriver à éclairer la pièce, le juron que tu as laissé échapper. les violons au mur qui brillent doucement sous la lumière jaunâtre, à la file indienne, à attendre qu'on prenne soin d'eux, le bureau qui fait dos à la vitre, les outils par milliers éparpillés, pendus, dans des pots, sur le mur, un violoncelle que tu as laissé là, sur lequel tu es en train de travailler. petit boutique à l'odeur de bois et de vernis, à l'odeur agréable du travail des doigts.

le café coule, emplit la pièce d'une énième odeur familière, forte, qui pique doucement le nez, deux tasses pour accompagner celui qui complimente les alentours, à regarder les murs comme un enfant dans un magasin de porcelaine, « merci » sans savoir pourquoi tu devrais le remercier, « toi aussi » tu es joli par habitude de retourner les compliments, à trop en dire toujours, un peu taquin, un peu amusé, parce que ce n'est pas toi qui est joli mais les cordes qui façonnent ton âme ; pourtant les mots sont pensés sans être pesés, sans grande conséquence ((probablement)).
la tasse que tu lui tends, tout sourire, « des violons, là, au mur. » que tu montres du doigt, « là, derrière le comptoir, sur le bureau, c'est un violoncelle. je dois y refaire la caisse. » y laisser de toi, un peu, contre le bois.

« là, attend, quoi ? » les inepties qui ne font pas le trajet jusqu'à tes oreilles, trop de bruit de la machine à café qui laisse couler le tien, et la mauvaise oreille tournée vers ton interlocuteur, celle que tu caches, dont tu ne parles pas, qui te fait atrocement souffrir, qui bourdonne sans en finir, « non, non, tu n'es pas obligé de savoir. tu joues de quelque chose ? c'est bizarre, comme métier, aussi alors... » les épaules qui se haussent, « tu ne vas pas rester sur le pas de la porte, attend, je fais un mauvais hôte... » le rire à ta gorge, tu l'invites à poser son seau, peu importe où, « ce n'est pas encore ouvert, de toute manière » et même si ça l'était, le carillon ne sonne que rarement, « je vais te chercher quelque chose » et les grandes enjambées se font jusqu'à l'escalier qui mène à la chambre au-dessus de l'atelier, endroit où tu restes, pas grand chose, assez pour descendre une serviette et un sweat qui te va trop grand - qui devrait serrer ses épaules rien qu'un peu, donner une forme agréable à ses bras.
« sers-toi de ça, pour le pantalon, désolé, je ne crois pas avoir un qui te va, et change, là, va, le sweat, pour quelque chose de propre, je jure que c'est propre.  » et tu l'accules judicaël de tes mots et de tes ordres.

et tu l'invites à s'asseoir, sur une chaise installée de l'autre côté du comptoir, du tiens, près du violoncelle, près de tes outils, près de la machine à café dont l'amer liquide fume encore, et tu lui tends, « attention c'est chaud, ne te brûle pas » la tasse contre ses doigts pour qu'il se réchauffe, le froid de l'hiver encore poignant en cette matinée, et sans grande explication, un rire qui se fait entre tes lèvres, « je suis désolé, je repense à ta chute, de t'avoir fait peur comme ça en sortant. c'est qu'en me levant ce matin, je m'attendais pas à ce qu'il fasse noir comme ça, ni de voir quelqu'un, je me suis demandé si je n'avais pas décuvé de la veille. » à rire légèrement à son histoire, « merci pour les vitres, elles en avaient besoin... » enfin tu crois, tu n'y connais rien, « je te dois quelque chose ? » parce que tes sourires ne suffisent pas toujours à faire plaisir, jude.


Judicaël Winiger
luthier
Judicaël Winiger
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Lun 15 Aoû - 2:51
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Mes yeux se sont agrippés
Comme s'ils savaient
Le froc trempé froisse une étreinte désagréable sur les cuisses et les mollets, un étau glacé qui fout la chair de poule et bleuit les lèvres, donne raison au blond, mais pas tout à fait, Geronimo rechigne devant la charité, c’est une fierté de Di, même si la plupart du temps, elle sert à rien, la fierté. Les cils battent pour s’habituer à l’obscurité, ça prend du temps, pour d’abord deviner les formes, puis, un peu de peine, pour les nommer, lorsque la machine râle en bruits de moteur et que l’ampoule cliquette en jaune tiède.

D’une certaine façon, l’étrangeté de la situation, son point de départ surtout, rend plus tolérable l’impression d’être un article oublié dans le mauvais rayon. Les sourcils se haussent avec perplexité, lui aussi, Geronimo, il se demande bien ce qu’il a en commun avec le raffinement du bois poncé et vernis, l’immobilisme, peut-être. Le souci de ne pas aggraver son cas, il lui a dit que ça pouvait être pire, le retient d’ajouter autre chose qu’un sourire de biais, charmé, par la légèreté espiègle du ton, entre les tranches d’explications auxquelles il hoche la tête. Il n’oubliera pas, pas un seul mot, pour que s’ils se revoient, même si c'est trop pour y penser, le blond ne se répète pas, son embarras non plus. Il n’oubliera pas la forme des lunettes, l’aisance avec laquelle il évolue ici et la couleur de son rire, dépareillé des nuances fades de la routine. Docilement, Gero pose le seau par terre, à droite de la porte, comme il a vu qu’on abandonne les parapluies dans les boutiques des belles avenues, avant de s’approcher du comptoir, s'en détacher les mirettes des gouttes qu'il laisse dans son sillage, ennuyé de salir.

Non, j’ai pas appris. Sa sœur a une voix magnifique quand elle chante les berceuses du pays, Diego, il a gardé l’harmonica de son septième anniversaire et il joue chaque fois qu’il a un chagrin, mais Gero ne fait pas de la musique, habitué à composer sur celle des autres. Embêté, les lèvres se serrent sur un sourire encourageant, l’avant bras en travers du comptoir, pour se tasser, prendre un peu moins de place. Ça change. De la bonne manière. Si t’avais était un vieux aigri ou une dame guindée à la mort, je sais pas si j’aurais accepté le café.

En dessous d’un nez résolument baissé, un rictus timide accapare son visage alors qu’il l'observe gesticuler dans sa façon de parler, à travers les escaliers, vif, là où Geronimo additionne lentement les mots, pèse ses réponses avec soin. Un peu à la traîne, finalement, il ne sait pas trop comment, et pourquoi, faire barrage à la démultiplication des attentions rafraîchissantes. Les bras chargés font remonter un rire clair dans la gorge de Gero, il a passé l’âge, mais ça l’amuse, l’impératif très parental, alors, il cède et attrape les sapes.

T’as des frères et soeurs ? Alma aussi, elle est comme ça, à être constamment consternée que tout le monde soit à son aise et attraper les petits par la manche pour les faire disparaître dans son duplex le temps d'un débarbouillage en leur glissant des bonbons au fond des poches. Merci. Mais comment j’vais te rendre tout ça ?

Et surtout comment il va se déshabiller, lui, trop pudique pour oublier de fermer le rideau de son unique fenêtre quand il va au cabinet, s’embourbe dans cette perspective en passant le sweat par-dessus les épaules, où il grappille quelques secondes, les pommettes rougies à l’abri des regards. Comme s'il n'avait pas compris, Gero plie la serviette sur la chaise, pour pas mouiller en s’asseyant, vraiment, le futal il l’aurait posé où après, c'est mieux de le garder, ça ne dérange personne. Il en a plein les narines de l’odeur de l’autre, les coins de la bouche figés dans une risette, niaise, aucun doute, quand il porte le liquide brûlant pour souffler.

T’excuse pas. C’est moi qui débarque chez toi maintenant alors tu sais… C’est intime chez soi, Gero, il observe la vapeur sur les lunettes, que c’est joli la buée sur les verres, mais il préfère les iris miel et expressives aperçues plus tôt, les même qui racontent la veille, une histoire qu’il veut bien entendre, toutes les histoires, si le temps est de leur côté. Le Di a les joues qui chauffent, de savoir qu’il y repense, essaye de se figurer à quel point c’était pathétique, les fers en l’air et même pas une excuse correcte, alors, il replonge dans la café noir dont la chaleur rend ses membres moins gourds et le parfum familier rassure. Peut-être que… Tu pourrais oublier que tu m’as vu me vautrer ? Si tu veux bien, moi j'la lave toutes les semaines ta vitrine. Joueur, maladroit aussi, la gorgée brûle d'une façon agréable, l’amertume lui rappelle le bistro de Diego et meilleur que le café soluble. Oui. C'est réconfortant cette saveur, la main passe sur la couture des poches pour trouver la monnaie ronde et plate, écarter le poing au-dessus du bar dans un tintement métallique. Et moi ? J’te dois quelque chose barman ? Pour le café, ou le moment, précieux aux yeux de Gero, dont les côtes ont gonflé comme des voiles, mais si c’est le cas, il n’a pas assez de pièces sur lui.

C y a l a n a


Geronimo Diavolo
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Geronimo Diavolo
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Mer 17 Aoû - 11:46


Le jour où mon regard a bousculé le tien

peut-être que tu deviendras un vieux aigri ((si tu deviens vieux)). peut-être que tu sera terré dans ta boutique sans jamais voir le jour, à poncer jusqu'à la moëlle des violons qui ne demanderont qu'à mourir ((comme toi)). peut-être que tu seras enfermé, sourd et aveugle, à sentir sous tes doigts les rainures du bois, à t'empoisonner de l'odeur forte d'alcool du vernis, l'ammoniaque qui fait rouler les narines. peut-être plus tard, mais il a raison, pas maintenant, pas encore. parce que tu as plein de choses à faire, la vie à découvrir - parce que tu es un funambule prêt à tomber, qu'un coup de vent pourrait te faire chavirer, un château de cartes qui risque de s'envoler. l'envie de rire te prend alors mais tu te retiens, les lèvres pincées, « on ne gagne pas très bien sa vie, tu sais » alors pour les mamies guindées, on repassera, c'est à peine si elles t'adressent la parole quand elles voient ton tablier taché et tes doigts abîmés, à peine si elles sourient quand tu leur promets que tu pourras réparer, que bien sûr, leurs chers petits-enfants pourront avoir le violon pour leur anniversaire dans trois jours, que tu passes des nuits blanches à t'occuper de l'instrument comme d'un nouveau-né. c'est à peine si on te dit merci alors que tu as sauvé la fête, épargné des larmes, pour un instrument que tu récupéreras en mauvais état quelques années parce qu'il ne sera jamais utilisé. les mamies guindées, tu les as en horreur, elles et leur odeur de renfermé.

la question t'a figé quelques instants, elle secoue ton estomac, te donne la nausée, l'oreille qui siffle quand le sang tape trop fort dans tes tempes, les nez qui se fronce, les doigts qui cessent toute activité. « eh, en quelque sorte ? » la tombe que tu as abandonné, plus personne n'est là-bas pour la nettoyer, peut-être que tu devrais y retourner, un jour. un grand-frère dans l'âme, l'inconnu qui frappe en plein coeur, et peut-être qu'il a vu clair dans ton jeu, peut-être même que tu en fais trop, alors tu voudrais t'excuser de nouveau mais tu ne sais pas quoi dire, les mots sont bloqués dans le fond de ta gorge quand tu penses à ton petit-frère ((décédé)) que tu ne pourras jamais susciter. tu ne voulais pas faire de lui un remplaçant, agir comme si tu le connaissais. tu ne peux pas non plus dire qu'il n'est plus là, jeter un froid, le faire s'excuser, le gêner. ce n'est pas comme si vous alliez vous revoir, n'est-ce pas ? pas comme si vous vous connaissiez vraiment ((bientôt sûrement)). « tu repasseras à la boutique. tu vois bien, c'est une excuse pour te revoir, les vêtements... » un rire, un clin d'oeil exagéré, une plaisanterie ((peut-être pas)), « je vis là aussi, si jamais, tu veux repasser pour un café...  ou pour la vitre. mais je pense que je préférais un café » que l'odeur de l'éponge mouillé, du savon usé, pas vraiment désagréable, un peu étrange, peu habitué, qui se mélange au bois usé, au bois poncé. un monde différent en collision avec le tien, un mélange soudain, inattendu, qui fera probablement du bien. l'air de réfléchir quelques instants, peut-être qu'il ne comprendra pas, peut-être que tu en fais trop, peut-être qu'il va prendre ses jambes à son cou, peut-être que tu vas le faire fuir à jouer aux idiots ((tu as l'habitude)), « tu repasseras dans le coin ou tu le gardes, m'en fiche un peu » des choses matérielles, qui prennent de la place, « un cadeau pour que tu penses à moi » et à nouveau le rire qui te prend parce que tu ne peux pas rester sérieux.

il ne parle pas beaucoup et le silence parfois plane dans l'atelier, ton regard se pose sur son crâne rasé à blanc sur son regard bleuté, sur le bout de son nez, à l'observer comme une statue que l'on viendrait voir dans un musée, les joues soudainement pivoines que tu voudrais voir garder cette couleur un moment. un défi que tu te mets de le transformer en coquelicot. pris de court par la demande qui t'arrache un sourire, tu pouffes entre tes doigts, tu croises les bras, tu n'es pas décidé à oublier mais pour lui, tu veux bien faire semblant que soudainement ta mémoire s'est effacée, « si c'est pour te voir toutes les semaines, je ne dis pas non » rajouté à la va-vite, pour t'amuser ((coquelicot)), pour rire ((pivoine)), pour le voir rire peut-être aussi, un peu plus expressif, lui qui ne semble même pas oser se changer, qui laisse les vêtements donnés sur le côté. « hm... » une réflexion intense alors que tu te tournes, les yeux fermés, « change-toi, et je ne regarde pas. ça te dérange ? j'aurais dû y penser, excuse-moi. tu aurais pu le dire... » mais les mots semblent parfois lui manquer, ou peut-être qu'il n'a pas vraiment envie de parler. « je pense que ton prénom serait quelque chose de bien, contre ce café. pour un barman, c'ets important » pour écrire le nom sur la tasse, pour que ce soit la sienne, pour qu'il la retrouve s'il en a envie ((toutes les semaines)), « moi c'est judicaël. mais ici, tout le monde m'appelle jude. comme la chanson des beatles... » hey jude, don't make it sad et le sourire qui fane sur tes lèvres. jude souvent triste pour rien, perdu dans se pensées.


Judicaël Winiger
luthier
Judicaël Winiger
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Mer 17 Aoû - 15:35
Aidez-moi
Est-ce que mes plus belles rencontres ont vu les étoiles s'aligner?
Est-ce que les visions dans ce monde en un point peuvent toutes converger?
Mes yeux se sont agrippés
Comme s'ils savaient
Les épaules tassent encore, l’allure, il en manque, Geronimo, qui ne sait pas grand-chose des luthiers ou des violoncelles, c’est vrai, mal gagner sa vie, pourtant, il pense que ça lui parle déjà plus, même s’il est pas sûr qu’ils mettent les mêmes images derrière l’expression. Gero, lui, gagne déjà plus que Alma, alors, il imagine qu’il la gagne pas si mal, sa vie, seulement, au quartier, on oublie vite le fossé avec le monde réel, et c’est pas plus mal, ça finirait pas donner des idées dangereuses, il a bien vu comment Diego ça lui à bouffer le cerveau, à force, de regarder de l’autre côté de l'horizon fragmenté par des barres de hlm. Le menton hoche. Maintenant. Il sait.

Le Di a pas fait exprès et il s’en veut déjà, ça lui colle sur la peau et il ne sait même pas pourquoi, le malaise compliqué du blond transpire un silence invisible et asphyxiant, assèche sa gorge à lui couper le sifflet. Les molaires serrent et le plexus contracte, le pire, il est pas foutu de capter c’est quoi, une fratrie en quelque sorte, les boules, la honte de pas avoir un truc de bien à faire, dire ou même penser. La honte, malgré lui, Gero, d’être un laveur de vitre anonyme, dans un pull juste sur les épaules, trop sensible pour pas sentir, pas assez proche pour saisir. Le malaise dégringole et, lâchement, ça le soulage, d’avoir les méninges qui refroidissent et le silence enfin ôté de sa cage, pour qu’il puisse respirer librement les éclats de rire du coffre de l’autre, la langue écrasée à l’intérieur des rangées de dents et les yeux plissées dans des arcs de lune rieurs.

T’as pas besoin d’une excuse pour que je repasse, tu sais… Le café. Oui. Plusieurs même. Alma elle dira que c’est de rencards et elle va vouloir qu’on aille à la braderie pour pas qu’il s’y ramène en guenilles, quitte à sacrifier la grosse tirelire dédiée au voyage qu’ils veulent faire mais qui sert à boucher les trous ou des petits extras depuis bientôt sept ans. Ca lui fait déjà peur, rencard, le terme tout seul qui sonne plus sérieux que date, et Gero il a pas trouvé le courage de la dire à Alma, qu’il avait peur des mots, elle comprendrait pas. Il rit doucement en détournant les yeux, comme si ça allait faire passer le fard, le froid qui lui a rougit les narines ou bien l’embarras de se l’entendre dire que. J’ai peut-être pas pas non plus besoin de cadeau non plus pour ça…

Ca, parce que dans le fond, c’est pour rire, il le sait, et ça le touche quand même trop sérieusement, tant pis, les lèvres plaquées au rebord de la porcelaine et les deux bras emmêlées au comptoir pour avoir un appui. Gero rattrape une pièce, qu’il enroule entre les jointures des doigts pour faire rouler d’une phalange à l’autre en les faisant coulisser. L’insistance du blond, elle le rend maladroit, comme s’il avait besoin de ça, le cœur agité d'espoirs lumineux, comme on reconnaît le vent favorable lorsqu’il aide à se tenir aux parois et résister à l'appel du vide. Gero a le rire un peu bête, égaré par-dessus les gerçures de l’hiver, à défaut d’oser renchérir, ça finirait par se voir, son envie sincère d’y croire. En plus, faut qu’il note l’adresse quelque part, ça le préoccupe d’avoir oublié de regarder le nom de la devanture. Le dos tourné le laisse là, à demi étranglé, qu'il ne pensait pas qu’il y reviendrait, et Gero s’applique à inspirer doucement pour étouffer la boisson qui s’est faufilée dans le mauvais tuyau.

Ca me dérange pas. Il ment Gero, s’est peint grenat sous les yeux qu’il sait pas mentir, seulement, il veut passer pour une meilleure version de lui-même, là, bien que, sincèrement, il ait aucune idée de ce que c’est. Plus contraint qu’autre chose, il se lève de la chaise, défait le cordon trempé, le regard rivé sur ce qu'il fait pour pas être tenté de vérifier que le gars a tenu parole, si ce n'est pas le cas, il a peur de s’interrompre et d’être percé à jour, lui et son mensonge d'adolescent. Il noue la serviette, fermement, faudrait pas que ça glisse des hanches comme les filles à la piscine, le Di écoute, Jude, un prénom comme de la musique, et c’est drôle, puisque c’est aussi son métier, la musique. J’écouterai la chanson. Promis. Là tout de suite, changé et de nouveau assis avec la tentation de croiser les cannes pour s’assurer que le tissu reste en place, il est un peu gêné de ne pas la connaître, forcément. A l’appartement il pourra l’apprendre sur le petit poste radio bluetooth et même s’il chante faux, il pourra au moins fredonner sur le chemin de la deuxième rencontre, la blond a dit qu’il y en aurait une, et ça commence à être compliqué de prendre l’invitation pour du flan. Geronimo Brill. Y a pas de musique, mais ça laisse du choix pour les surnoms. Les deux prénoms, c’est une coutume latine de choisir l’un ou l’autre selon la préférence, un peu oubliée dans ce pays où c’est celui sur le matricule de la combi qui compte, seulement pour Jude, ça semble logique de donner les deux, même si logique c'est pas le bon mot. Il avale le fond de l’expresso, regrette aussitôt, il va dire quoi pour rester plus longtemps maintenant. On peut prendre un deuxième café ? C’est tellement évident que ça lui donne envie de se marrer, il se retient, laisse les iris briller pour lui. C’est tellement évident, et c’est la première fois que ça lui arrive, alors, il improvise, tant bien que mal, dans le dédale trouble des impressions qui crépitent. Tu vas rire Jude, je sais pas quoi faire de mon froc maintenant. Il est resté sur ses genoux, à dégouliner sur la serviette et rendre les efforts du blond bientôt inutiles, à défaut de savoir s’il pourrait le suspendre où le poser en travers d’un meuble.

C y a l a n a


Geronimo Diavolo
laveur de vitres
Geronimo Diavolo
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Mer 24 Aoû - 21:57


Le jour où mon regard a bousculé le tien

les excuses en litanie sur le bout de la langue, que tu as l'habitude de donner pour les mensonges de ta vie, pour cacher tes envies. les excuses que tu as l'habitude d'inventer pour donner l'impression que tout est légitime, que tu as le droit toi aussi de vivre les choses ; les excuses dont tu n'as pas besoin avec lui. les mots que tu ranges et le rire qui te prend doucement, la tête que tu secoues, le haut des oreilles qui se fait rosé quand il continue dans sa lancée, qu'il semble promettre de penser à toi sans même que tu sois là. flatté, les gestes qui se sont stoppés quelques instants, les idées qui semblent ne pas tourner rond. sait-il ce qu'il dit ? sait-il ce qu'il fait ? ((exprès)), sans savoir si le sérieux prend le dessus sur le rire, sans savoir s'il le pense réellement ((à toi, au reste)), taquin sans vraiment l'être parce que le fard de ses joues brûle plus que le soleil sur la peau.

g e r o n i m o qui n'a pas l'air de rire et dont le regard s'amuse de toi quelques instants, g e r o n i m o dont tu ne connais pas encore le nom mais qui semble rouler si facilement entre tes dents. g e r o n i mo dont les silences font beaucoup de bruit.
tu ne dis rien non plus, à l'entendre penser, écouter ses réflexions silencieuses, comme une présence agréable, à s'asseoir en face de lui quand tu le peux pour ne rien dire, comme si vous vous connaissiez de toujours, comme si c'était une évidence. le silence, qui fait du bruit ((les oreilles qui sifflent)).

tourné, les yeux couverts, tu ne bouges pas, une promesse que tu peux finalement tenir, la curiosité que tu retiens souvent mal placée, à faire pleurer. il écoutera la chanson, comme s'il ne la connaissait pas, ça t'étonne, « tu ne l'as jamais entendu ? » alors que ce n'est pas une évidence, alors qu'il existe probablement plus d'une personne sur cette terre qui n'a jamais entendu parler des beatles, parce que ça existe, parce que tout le monde n'est pas toi, parce qu'ils n'ont pas tous entendu, sans cesse,

hey jude, don't make it bad...

répété dans le creux de l'oreille comme une berceuse que l'on ne peut pas oublier,

take a sad song, and make it better...


l'ironie quand tu y penses ((jamais)).

geronimo que tu répètes quand il te le dit, quand tu demandes si c'est bon, si tu peux te retourner, si tu peux le regarder, comme si tu avais oublié ses traits. geronimo plus étrange que toi encore, un peu original, comme lui et ses silences ((qui font du bruit)), que tu retiendras, qui roule enfin entre tes dents, que tu croques doucement. « tu peux finir le mien, si tu veux, j'aime pas vraiment, quand c'est serré comme ça » la tasse que tu glisses sur le comptoir, un peu bue, un peu sale, si ça le dérange, alors tu en feras une autre, rien que pour lui, mais qui finit le café lit dans les pensées, amusé. « je le préfère avec beaucoup de lait. plus doux... » que le goût amer sur les papilles, le sucré d'un nuage de lait, dans le silence ((de geronimo))((qui font du bruit)).

et t'as le rire facile, jude, quand il te surprend, encore ; « tu sais, je l'ai remarqué tout à l'heure, mais tu es un peu étrange, parfois. dans le bon sens. donne. » que tu dis alors que tu te penches sur le comptoir pour attraper le pantalon dégoulinant, alors que tu mets de l'eau partout, alors tu cours pour monter de nouveau les escaliers, pour l'étendre, que tu redescends, les talons qui claquent, « promis, je te le rends. tu n'es pas pressé, j'espère, il fait froid... » à nouveau, rire que tu retiens, les dents qui abîment les lèvres, « tu veux un troisième café ? » pour rester un peu plus, avant qu'une idée dans le silence ne naisse, « tu n'as vraiment jamais entendu hey jude ? » que tu demandes, comme un coup de vent à gesticuler encore, à ramasser ton violon qui traînait sur la table de réparation ((brisé sous un coup de colère)), « tu veux en entendre un morceau ? » jouer doucement pour lui, rien qu'un instant, autant que ton oreille ne le permette avant de prier pour le silence ((de geronimo)).


Judicaël Winiger
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Lun 29 Aoû - 14:28
Aidez-moi
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Mes yeux se sont agrippés
Comme s'ils savaient
C’est plus joli quand il le dit Geronimo, comme si pour une fois, y avait une personne pour écorcher aucune syllabe, et que le prénom entier ça sonnait pas comme l’ouverture d’un reproche. Oui. Quand c’est Judicaël qui le dit, c’est propice aux espoirs, ceux que Gero préfère garder pour plus tard, ce soir sûrement, quand il mettra du fard sur les murs pour se défaire de celui qu’il a sur les joues.  Les doigts s’imbriquent entre eux pour s’imprégner de la chaleur de la tasse et faire disparaître le mauve des morsures du froid, éviter de tricoter avec sa chevalière et vu la guigne, de la foutre par terre.

Le menton acquiesce lentement, Merci, un murmure pour pas être rude, les cafés intervertis, pourvu qu’il dise pas ça pour être poli, et le Di y trempe les lèvres dans l’amertume qui tapissent gorge et palais. Dans le fond il est surtout reconnaissant que Jude ne le confronte pas encore, que s’il le taquinait Gero, il finirait par dire un bêtise et après, ce serait comme pour le seau, ça enchaînerait. Beaucoup de lait. Gero l’imprime en lettres capitales dans sa mémoire, comme si c’était une information de la plus grande importance et c’est un peu bête, parce que, objectivement, ça l’est pas vraiment, à moins qu’il veuille passer pour un type louche, un peu creepy, quand il articulera soigneusement la commande en terrasse. Oui. Parce que Gero a eu le temps de se dire qu’une terrasse se serait plus sympa qu’en intérieur, qu’en tant qu’ex-fumeur il a la lubie bizarre d’inspirer à plein poumons la fumée des autres, ça le détend, la nostalgie du zippo qui craque une étincelle probablement. Bref. En terrasse, ce sera bien.

Le ridules polissonnes aux angles de la bouche, Gero écrase l’embarras dans le sourire contrit, étrange dans le bon sens, c’est sûrement comme une pièce de puzzle dans la mauvaise boîte, juste, on s’attendait pas à la trouver là quoi. Pas qu’il soit un grand adepte des puzzles si ça dépasse les cinquantes pièces, mais au moins, il peut comparer, essayer de comprendre avant de répondre à côté de la plaque. Et le reste du temps je suis comment ? Parce que parfois, c’est pas tout le temps, c’est plus de la ponctuation dans l’échelle de leur rencontre, alors, si ça tient un peu la route le plus souvent, quand il va partir d’ici, Jude lui aura pas filé un faux numéro.

Le luthier marche en sens inverse, et Geronimo inspecte un peu plus les lieux, parce que ça serait pas poli de commencer à s’imaginer à quoi peut bien ressembler sa chambre, si c’est le bordel ou très rangé, s’il a les parures de lit unies ou dépareillées comme les chaussettes. Ouais. Faut qu’il arrête de penser Gero, qu’il vérifie qu’il fait bien la différence entre un violon et un violoncelle, par exemple. En plus, le blond vient de revenir avec son rire magique auquel Geronimo fait de l’écho, sans savoir pourquoi, ce qu’est profondément stupide mais là tout de suite, il s’en rend pas compte. J’espère parce que c’est pas encore la fashion week, personne va me croire si je dis que je suis mannequin pour la collection serviettes de bain. Le Di esquisse une risette, il a l’impression de s’emmêler les pinceaux, de dire n’importe quoi mais, il essaye, et tant pis si c’est étrange, au moins les trucs bizarres on s’en rappelle, c’est des croche-pieds au train-train.

Les dents s’exhibent d’elles-mêmes, un troisième expresso, et imperceptiblement ça détend le nœud qu’il a coincé derrière la nuque, d’être trop maladroit, un éléphant dans un magasin de porcelaine, en quelque sorte. Oui. C’est pas très raisonnable mais il est encore tôt, alors pourquoi pas, il a envie de répondre oui à toutes les questions de Jude. Tellement, que Gero est à deux doigts de mentir, juste pour lui faire plaisir sans trop se prononcer pour pas passer pour un blaireau si on lui demande de réciter l’air. Peut-être. Ca passe sur quelle station ? Si ça passe encore sur une station, et si c'est pas complètement ringard d'écouter des stations, aussi. Jude intercale l’instrument, et c’est joli, juste de la voir avec le bois précieux, l’archer comme une prolongations des doigts mince, pour un genre de concert privé. Dans sa vie, le Di, il en a attendu que dans le rue du violon et, la vérité, c’était pas toujours top, peut-être ça venait des instruments usés ou juste des brancs qui ne savaient pas s’en servir, enfin ça l’a pas empêché de laisser une pièce, bien sûr. Le menton acquiesce timidement et il écarte la tasse de café pour pas se laisser distraire, ne plus le quitter des yeux, ouvrir les oreilles, parce que le coeur, peut-être que c’est déjà fait.


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Geronimo Diavolo
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