terminé / djill + posture (rigide)

Chasser, traquer, de façon répétée c’est ce que font les créatures pour survivre : pour arracher quelque chose à leur proie ((voler des morceaux de vie)). Sa conscience comprend qu’elle n’est pas mieux que cette femme  en quête de de la vie privée d’autrui, épiant plus loin, à la surveillée, à la suivre discrètement en secret. Pourtant, elle soit s’y résigner. La police est appelée à mettre de l’ordre : à agir plus vite selon les cas, à tricher quand on ordonne en haussant le ton, la voix. Alors, les petits soldats s’agitent, mettent les désirs des plus grands à exécution. C’est la priorité : sa mission.

Djill s’avance jusqu’à ce qu’elle croit être la source des maux de la plainte. Ses cheveux rouges en guise de cible, elle s’approche et prend le pli. Faufilée, elle sort son enseigne.

- Bonjour. Veuillez sortir votre pièce d’identité s’il vous plaît.


Tout est toujours bien rangé, les mèches de cheveux droites et bien alignées, les épaules carrées et redressées. Ses yeux, froids, lorgne l’appareil. Elle attend patiemment que la femme obéisse sans aucune opposition (ordre – action)). Ses lèvres fines, repliées sur elles-même ne soulignent aucune amabilité. Les personnes de son genre n’éveillent en elle aucune aménité.
 

Djill fixe l’individu. La cible elle tranche du regard menu menu. Bras croisé, elle attend pièces d’indentées, permis, passeport ou autres synonymes pour mieux l’identifier. Il lui faut un prénom, un nom et une adresse. Le domicile fixe n’est souvent pas sur ces documents, elle devra la lui demander ((gentiment)). C’est la règle concernant les cas de son genre : le harcèlement. Le stalking est toujours mal géré par l’état, la justice, par ceux qui porte l’insigne et ont le regard droit. Les règles ne sont pas bien inscrites, il n’y a pas de consignes réellement fixes.

La policière commence à consulter, petits documents et papiers. Encombrée de toutes les justifications qu’elle a offrir, elle prend le temps de faire le tri : elle cherche un nom, et prénom qu’elle saisie dans sa mémoire. Nom qui sera divulgué au poste : l’observatoire. Djill n’est pas spécialisée dans la certification des papiers, mais vérifie tout de même qu’ils sont bien vrais, qu’ils n’ont pas été l’œuvre d’une copie ((malfamée)).

- Je vois. Madame Campbell, je suis dans l’obligation aussi avoir votre adresse s’il vous plaît.

Djill lève la tête, recommence à la fixer, la laisse récupérer ses documents, la paperasse accumulée.

- Qu’est ce que vous preniez en photo ?

Djill ne peut pas confisquer son appareil. Mais elle ne va pas la laisser si facilement : mettre la pression, ne pas décoller ses semelles. Elle joue les imbéciles, celle qui ne sait pas : veut entendre ses justifications absurdes à haute voix, découvrir quand elle ment, le ton de sa voix. La policière est patiente, croise gentiment les bras. Le minois toujours aussi froid.
 

Bien. Maintenant que Djill a les informations, elle n’a plus qu’à saisir le moment pour découvrir jusqu’où la femme est capable de creuser ? ((ses déclarations)). Elle reste les bras croisés, admire à quel point elle tient à énerver : ses petites taquineries réveillent un regard plus froid, plus dur, un peu plus à chaque intonation de voix. Alors elle garde les lèvres pincées, se réserve de trop en dire, de se laisser trahir.

Djill écoute son histoire, pas convaincue. Elle sait ce qu’elle est venue chercher. Que d’excuses bien amenées, que de jolies phrases ponctuée pour la laisser croire en dehors de toute malhonnêteté. Pourtant, si la policière ne savait rien, ce n’est ici pas ici qu’elle insisterait, qu’elle appuierait ses propos : elle l’aurait déjà laissée filer, aussi vite que la lumière sur un de ses vulgaires clichés.

- Ah oui ? Et… Votre projet ? Il porte sur quel sujet exactement ?

Elle continue de jouer les imbéciles, de jeter un œil à l’appareil.
Bientôt, l’amande tombera, elle espère que ce sale sourire s’effacera :
trop de provocation,
pas assez d’action.
 

Djill est comme un chien qui ne lâche pas dans sa mâchoire sa prise. Quand elle la fixe, elle est comme un écran qui frise. Elle attend des justifications, des réponses, mais peu importe ce que dira Perry, que ce soit la vérité ou pas : ce n’est pas ce n’est jamais ce qu’elle attend. Ce n’est jamais assez proche de la réalité, la moche, l’hideuse, celle qu’elle est venue chercher. Ses yeux se plissent et elle commence à s’impatienter alors qu’elle voit de l’autre suinter, alors que la flic n’a aucune idée de comment pourrait-on illustrer autant de choses dans ces clichés. Esprit trop rigide pour faire preuve de créativité, esprit trop terre à terre, aux allures poussiéreuses, solitaire.

- Vous pensez pouvoir me berner encore combien de temps ?

Finit-elle par annoncer, sa voix est sèche, son regard est froid : plus proche de l’Antartique que du Sahara. C’est qu’elle ne pas la garder ici pour l’éternité, c’est que maintenant, les aveux doivent être rendus : et peu importe ce qu’elle osera dire, Perry devra payer pour l’intimité de la personne qu’elle était en train de bafouer.
 

Djill écoute les explications, les fausses justifications. Son menton signe de droite à gauche un : non. En vérité, tout ceci ne sert à rien. D’un côté, pour une fois, la policière se sent carnassier. Dans son uniforme, elle continue de la fixer, de se maudire un peu plus de ne pas pouvoir l’emmener : pour faire rire les collègues, pour encore plus la cuisiner. Se réveille en elle un petit côté cruel, elle se sentirait presque mauvaise, alors elle finit par lui donner les faits, par lui faire les menaces nécessaires.

- Ne vous en donnez pas la peine. Je sais déjà ce vous faites ici. Sachez que la prochaine fois que je vous reprends à abuser, je serai moins clémente avec vous.

De sa poche, elle sort un petit cahier où elle note un nom, un prénom, une adresse, une date, quelques conditions, une raison et le prix à payer. Djill arrache la feuille qui se divise en deux entités, l’une garde la mémoire de la précédente.

- Je vous ai laissé une chance de me dire la vérité, mais il faut croire que vous préférez prendre des risques. Voilà la somme à payer pour vos traques ou devrai-je dire stalking.

La femme lui tend le papier, cinq cents à payer.
Un avertissement en prime pour le culot : bien fait.