terminé / kenzie + tes pensées qui s’égarent

Tes doigts sont gras de fitres,
et tu admires,
pendant quelques instants,
le monde autour de toi - celui qui fait un peu trop de bruit, celui qui s'ajoute un peu trop longtemps,
celui qui rit, fort, parfois à tort,
celui qui s'amuse, de tout et de rien,
et les adolescents qui piaillent,
et les parents qui courent après des enfants peu obéissants.

Une vie un peu étrange que tu mènes maintenant,
rythmée par le calme et l'ennui,
par la monotonie.
Tu te laisses croire que c'est ce que tu aimes, que tu as choisi,
mais c'est un mensonge,
un mensonge que tu ignores.
Rien de mieux que de manger, comme ça,
à attendre,
que le temps passe,
à attendre - tout est rien.

Dififculté pour te relever, plateau entre les mains, canne entre les doigts,
les sourcils un peu relevés te font baisser les yeux - qu'ils regardent ailleurs,
il a l'air jeune, tu l'es, c'est drôle.

un plateau qui se renverse,
un bruit fracassant contre le goudron,
ou peut-être est-ce parce que tu es témoin dans le scène ?
tes doigts qui poussent la porte pour sortir, doucement, pour ne pas frapper le jeune homme qui se trouve devant - juste comme ça, debout,
à regarder son repas,
un peu crédule,
un peu à se demander ce qu'il arrive.

« la vie est nulle, hein ? » articulés doucement, les mots sortent de ta bouche sans y réfléchir,
ton regard posé sur le brun,
un peu trop longtemps,
sans que tu ne ries,
sans que tu ne fasses quoi que ce soit,
bloqué sur son visage - un peu trop peut-être,
bloqué sur la situation. Et peut-être que tu as envie de rire, mais tu n'y arrives pas, « La règle des trois secondes est dépassée... » et il ne peut plus manger. toi, ça t'amuse, un peu,
le sourire sur les lèvres,
soudainement,
le monde se trouve un peu plus intéressant.

un peu comme si le monde s'était arrêté de tourner,
cliché.
l'extérieur n'existait plus, et les oiseaux de ne chantait plus,
et le froid ne mordait plus le visage,
et le vent ne fouaittait plus tes lèvres (son regard les brûlait).

planté au milieu du trottoir,
sans penser,
sans réfléchir,
« une glace aussi. vanille, caramel. pour moi. » tes gestes, plus rapides que ce sur tu le voudrais,
pour payer,
ta bouche ouverte à la place de la sienne,
comme une envie de le sauver,
de le secouer - de l'entendre parler.

« pour me faire pardonner » de n'avoir rien fait,
ou peut-être d'avoir rigolé.
d'avoir été là, au mauvais endroit,
au mauvais moment. « il manquait mon dessert. » sans vraiment s'expliquer,
l'inconnu invité,
apprivoisé,
tu l'espérais.
mauvais moment (à passer) mais l'endroit ne te semblait pas si désagréable, plus maintenant,
comme changé, métamorphosé.

à charge de revanche qu'il te dit, comme s'il y allait avoir une prochaine fois (tu l'espérais), comme si tu n'étais pas qu'un coup de vent dans sa destiné (tu l'espérais). et contre toute attente, il t'invitait à s'asseoir, à prendre du temps, à partager plus que quelques secondes, peut-être que tu es resté bête, rien qu'un peu, à le regarder, à le fixer,
c'est qu'il avait quelque chose de particulier, c'est qu'il était un peu étrange,
un peu ailleurs,
un peu astral et tu bougonnes kenzie, rien qu'un peu, « tu... » parce que tu n'es pas assez vieux, parce que vous, parce que monsieur, c'est ton père, pas toi. t'as pas l'âge que l'on te vouvoie, bien que la canne peut être trompeuse, alors ça te fait bougonner,
mauvaise impression sûrement,
tu t'excuseras plus tard.

« kenzie... » une fois assis, installé, un peu étrange,
un peu gêné, les pensées bousculées, comme si tu te rendais compte de ce que tu venais de faire, de la bêtise que tu venais de produire,
effet boule de neige, tu ne savais pas comment tu allais t'en sortir,
et tu ne peux t'empêcher de le regarder (lui) pour une raison que tu ignores (tu l'espères), un peu étrange sûrement, « ils auraient pu te le donner, le nouveau burger... » tu sais que ça ne marche pas comme ça, mais tu ne sais pas quoi dire. kenzie dont la vie n'a été rien que du sport et de la compétition, tu comprends maintenant que nouer des liens : c'est compliqué.

comme les fleurs et l'impression soudaine que la forte odeur du jardin t'emplit les narines, c'est qu'elles ont du caractère les jasmins, c'est qu'elle te prenne le nez, la tête, les yeux, c'est qu'elle s'empreigne dans tout ton corps sans rien demander, les jasmins (et jasmin). et tu te tais, parce qu'il a sûrement l'habitude que l'on parle de son prénom - probablement l'habitude qu'on lui dise que c'est beau, que c'est intéressant, que c'est mignon et peut-être pas mais tu te fais des films, tu te fais des histoires kenzie, tu regardes le jasmin qui éclot devant toi avec un sourire,
jasmin disait-il,  et ça lui allait bien.

haussement d'épaules, il pourrait se battre, il pourrait en vouloir à la terre entière, il pourrait se faire misanthrope pour une salade fanée sur l'asphalte, pour un steak qu'il ne mangera plus. peut-être que toi, tu te serais détesté un peu plus que ce que tu détestais le monde, peut-être un peu plus que ce que tu te détestes maintenant.
haine soudaine que tu ravales, un peu de travers.

question surprenante qui te fait sourire, jasmin drôle quand il le veut ; ou peut-être sans le vouloir, finalement, jasmin qui te fait hausser un sourcil un peu curieux. « hé, c'est compliqué ça, comme question... il faut n'en choisir qu'un ? » cela te semblait impossible ; réflexion accompagnée de votre commande à table, comme un enfant à qui l'on offre un cadeau, « je dirais, peut-être.... ah.... running on empty » choix difficile, choix compliqué, « un jeune qui essaye de s'en sortir sans cesse, qui s'épuise pour rien, coincé par sa famille, la société... il roule à vide, tout le temps, quoi. » parlant, poignant, tu n'en sais rien, « et toi, jasmin ? un film préféré ? un livre préféré ? » une oeuvre qui le fait chavirer (toi ?).

ajouté à sa liste, un peu de toi dans son esprit, sur cette liste que tu ne vois pas, qui n'existe peut-être que de son esprit. le titre qu'il ne connait pas, qu'il ne connaitra pas avant un moment - qu'est-ce que tu t'en fiches. à ne voir que le titre il pensera à toi, kenzie, petit homme qu'il a rencontré là, au milieu de nulle part, au détour d'un big mac renversé et d'une glace que tu t'amuses à goûter.

rencontre étrange et bancale, tes sourcils qui se froncent face à la réponse inattendue. il était un mystère, jasmin, un mystère qui ne semblait pas possible de résoudre, pas de suite, il fallait probablement prendre son temps casse-tête étrange. « je ne peux pas dire que je l'ai jamais vu... » rires légers, tu crois te souvenirs de quelques airs, « mais probablement des années depuis la dernière fois... » réflexion ((quand avais-tu le temps ?)), et l'idée de le revoir t'amuse aussi, peut-être que ce soir, tu le regarderais. « je crois que je préfère camp rock, de mes souvenirs... » haussement d'épaules et faux débat que tu ne veux pas vraiment soulever ((vous n'êtes plus des adolescents)).