leina ; pull that string that takes you down

T’avais un problème.
Un sacré problème, si tu osais dire.
Plus qu’un problème, en réalité ; et ça te minait le moral, en toute honnêteté.
La toux t’avait prise, soudaine ; incompréhensible. Des graines pleines, des pétales jaunes qui avaient explosé tes sens ; explosé tes draps. Explosé tes poumons ; l’étouffement avait été rapide, douloureux et vif – perdre conscience à 2h du matin n’avait pas fait parti de tes plans d’avenir.
Aller à l’hôpital non-plus ; éviter les collègues qui pouvaient connaître Vénus non-plus.
T’entendre dire que tu avais été attaqué par la maladie, et perdu le sentiment que l’on appelait « Amour » ; encore moins.
Voir même pas du tout.
Aucune raison à ce que cela se passe, en plus ; tu n’étais pas amoureux, tu n’étais pas en couple, rien. Rien du tout.
C’en était à ne rien comprendre.
C’était bizarre ; tout était étrange. Rien n’avait vraiment changé ; tout avait changé.
La maladie mutait.
C’est ce qu’on se murmurait dans les couloirs de l’hôpital, dans les malades soudains et étranges.
Un soupir ; tu ne pouvais pas garder ça pour toi. Pas comme ça.
Hors de question d’avertir ton frère pour l’instant – il ne devait pas savoir. Il voudrait tout connaître, comment, pourquoi, quand, comment ; t’occulter de lui-même, être sûr que tu allais bien.
Et tu n’avais pas envie de ça, maintenant.
Tu avais envie de calme, d’un peu de repos. (encore ce mot, trop de fois ce mot était présent)
Même si Leina n’était pas connu pour être la plus calme d’entre vous, tu savais très bien qu’elle savait y faire, quand il le fallait. Elle vous suivait juste beaucoup trop souvent dans vos délires ; c’était tout.

Tu la rejoins dans le café qui fait l’angle de la rue après l’hôpital – pas trop près, mais pas trop loin non plus. Juste assez pour ne croiser personne qui sera susceptible de te reconnaître et d’aller parler à Vénus.
Tu la retrouves près de la fenêtre, sa boisson déjà commandé ; tout enfermée dans ses habits d’hiver, tandis que ta propre écharpe t’étouffe déjà de chaleur.
Ou alors est-ce la peur de l’annonce – le jugement sans fondement que tu as peur de recevoir de la part de ton amie.
Tu ne peux plus aimer, après tout. Big deal, non ?
« Hey, Leina », la salues-tu d’un sourire qui n’est pas vraiment confiant ; mais elle est là, et elle saura. Après tout, c’est assez rare que tu sortes aussi tôt de l’appartement – les soupçons avaient été présents dès le départ.
Et tu voulais te confier, lâcher cette bombe ; essayer de comprendre.
Même si tu n’étais pas sûr qu’elle, elle comprenne.

Elle te fait sourire, leina. Elle trouve toujours les mots juste, l’expression qu’il faut.
Tu aimerais que ce ne soit que ça ; que le pc de Naoki qu’il faille réparer – racheter, ou la console, même.
Que tu aies commis un meurtre, et que ta troupe t’aide ; avec Leina et Charlie, le corps était assuré de ne pas être retrouvé.
Mais non ; non.
Rien de tout ça ; vraiment pas.

Tu as envie de soupirer ; la chair de poule arrive. Le coude sur la table, tu ne sais pas vraiment comment l’annoncer – comment lui dire.
C’est bizarre ; étrange.
Savoir que tu ne peux plus aimer.
Savoir qu’aux yeux des autres tu es « mort ».
C’est idiot ; stupide.
Mais c’est ce que tu es ; un cœur mort, impossible à vivre l’amour, désormais.
Et qu’est-ce que la vie sans amour ?

« Je ne sais pas si c’est un corps qu’on doit enterrer ou un cœur. »
Les bras croisés sur la table ; la tête qui vient se poserun instant entre eux.
Prendre du courage ; c’est ta meilleure amie.
Ta sœur.
Ton âme sœur.
Elle comprendra ; tu le sais.
Elle ne te jugera pas ; jamais.
« je suis mort, dans la nuit. Les docteurs ont dit que… c’était mort, quoi. Mon cœur. »
Tu as peu relevé la tête ; à peine.
Tu la fixes, guettant sa réaction – un sourire un peu triste aux lèvres.
« c’est bizarre. Même si je n’étais pas amoureux, ni rien… savoir que j’en suis privé ? c’est bizarre. »
Tu ne sais pas décrire le sentiment.
Tu es perdu ; complètement.
Peut-être est-ce pour ça que tu lui en parles ; pour combler ce vide, cette incompréhension.
Qu’elle t’explique, elle.
Elle qui a toujours les mots justes ; qui t’aide toujours.
Ta comparse, dans le meilleur comme dans le pire.