artiome ; fire surrounding us (abandonné)

La fumée avait été surprenant ; l’odeur de brûler, un peu moins.
La couleur orange qui sortait du four, qui entourait toute la cuisinière, avait de quoi t’inquiéter.
Et inquiéter tes voisins – qui n’avaient pas perdu de temps, à vraie dire, à hurler que les pompiers arrivaient, qu’ils avaient déjà appelés – qu’ils espéraient que l’habitant de cet appartement allait bien.
Tu allais bien.
Tu étais juste sidéré ; sur le cul.
Tu savais que tes compétences culinaires ne volaient pas très haut, vraiment. Ce n’était pas une nouveauté. Mais de là à carrément mettre le feu… Pas comme si tu aurais cru que laisser des pâtes sur le feu et tout autre chose que tu faisais dans le four, pendant que tu te douchais, aurait pu être un problème. Après ça, ça s’était bien passé, auparavant…
Mais maintenant, tu avais l’alarme incendie qui retentissait dans tout l’immeuble ; le feu de la cuisinière qui produisait beaucoup de fumée, s’échappant par les fenêtres que tu avais pu ouvrir, et tu débattais sur le fait de sortir ou non de l’appartement.
Si tu prends la bombonne rouge qui doit être utilisée dans ces cas-là, est-ce que ça ne règlerait pas tout simplement le problème ? Au lieu d’appeler et de déranger des gens qui devaient probablement avoir bien plus à faire que sauver un pauvre idiot d’une cuisine.
Pourtant, ils étaient venus – tu étais certain que tes voisins avaient exagéré l’histoire. Sûrement avait-il dit que tu étais sur le point de mourir, ce genre de chose.
Ce qui était faux, vraiment – tu toussais un peu avec la fumée noire, mais autrement, ça allait. Tu essayais de sortir tes partitions du salon, qu’elles ne s’enfument pas, qu’elles ne deviennent pas noires avec la fumée.
Et la porte qui s’ouvre, qui craque ; est-ce qu’ils avaient frappés avant, est-ce qu’ils avaient essayé de te demander d’ouvrir avant de la forcer ? Il allait falloir réparer ça, en plus de la cuisinière. Des dépenses inutiles, encore.
Et la fumée ne cesse de grandir ; et tes yeux piquent malgré l’ouverture des fenêtres – dans tes mains les partitions que tu tiens fermement, et heureusement qu’une porte sépare la cuisine de la chambre. Autrement, tu te serais rué sur le violon – hors de question de le laisser avec la fumée.

Mais tout va bien ; il n’y a que les partitions à sauver. Et tu continues de tousser ; des mains sur ton épaules qui te guident, tu entends que l’on te dit quelque chose mais tu ne comprends pas vraiment – le bruit sourd de l’alarme, du feu, de la cuisinière qui brûle, des ordres lancés ; tout un brouhaha qui ne t’aide pas à te concentrer sur ce qui se passe, exactement.
Et finalement, une bouffée d’air pur ; les escaliers que vous avez dévalés avant, et finalement vous êtes dehors. Et tu comprends les voisins – à voir comme ça, on dirait que c’est tout ton appartement qui est en feu à l’intérieur au vu de la quantité incroyable de fumée.
Beaucoup de fumée pour si peu de feu, au final.
Tu tousses encore un peu ; on t’emmène à l’arrière du camion de pompier, on te fait t’asseoir, on te met un truc bizarre sur les épaules – pour te garder au chaud, peut-être, c’est ce qu’on semble mettre sur le dos des victimes – et on te laisse là.
Ça va et ça vient ; les gens s’agglutinent autour du camion et des barrières érigées – en plein centre-ville, on peut dire que le camion détonne.